CHAPITRE IX.
Des négociations de l'année 1744, et de tout ce qui précéda la guerre que la Prusse entreprit contre la maison d'Autriche.
Les affaires de l'Empire s'embrouillaient de plus en plus. Les succès des armées autrichiennes faisaient éclater leur ambition : il n'était plus douteux qu'ils ne voulussent détrôner l'Empereur; le roi d'Angleterre travaillait sourdement dans le même but. La faiblesse de Charles VII et l'énormité des prétentions de la reine de Hongrie, avertissaient surtout les princes amoureux de leur liberté, qu ils ne seraient pas longtemps spectateurs d'une guerre où leur intérêt et leur gloire les avertissaient de ne pas laisser prendre le dessus aux anciens ennemis de la liberté germanique. A ces considérations générales il s'enjoignait encore de plus fortes pour le roi de Prusse. Ni la reine de Hongrie, ni le roi d'Angleterre ne savaient assez bien dissimuler leur mauvaise volonté; elle se manifestait en toute rencontre. Marie-Thérèse se plaignant au roi George des cessions qu'il l'obligeait de faire, surtout de celle de la Silésie, George lui répondit : " Madame, ce qui est bon à prendre, est bon à rendre. " Cette anecdote est certaine, et l'auteur a vu la copie de cette lettre. Enfin l'on savait que l'Angleterre et l'Autriche se proposaient de forcer la France à l'aire sa paix de manière que la garantie de la Silésie n'y fût pas insérée. Qu'on ajoute à ces choses la conduite du marquis de Botta à Pétersbourg, et il paraîtra clair que le roi de Prusse n'avait pas tort