<64>La première de ces villes soutint un siège de huit jours; Tabor, un de quatre; et Frauenberg se rendit parce que les Autrichiens avaient coupé le seul canal par lequel la garnison recevait ses eaux. Comme il était à craindre que les vivres ne manquassent à l'armée, M. de Winterfeldt fut détaché, avec quelques bataillons et un régiment de hussards, pour transporter le magasina de Leitmeritz à Prague. Mais l'avant-garde du prince de Lorraine dont nous avons parlé, s'étant aperçue que les Prussiens les avaient prévenus à Beneschau, se retira sur Neweklow, et de là sur Marschowitz, où elle fut jointe par l'armée combinée des Autrichiens et des Saxons.
Le Roi apprit cette nouvelle avec plaisir, dans l'espérance que le moment de venger les affronts qu'il avait reçus à Tabor et à Budweis, était arrivé. Dans cette vue, le 24 d'octobre après midi, il mit l'armée en marche sur huit colonnes, pour attaquer l'ennemi, après avoir passé des chemins que jamais troupes n'avaient traversés; il arriva, au déclin du jour, sur une hauteur qui n'était qu'à un quart de mille de l'armée autrichienne; les Prussiens s'y formèrent, et y passèrent la nuit. Le lendemain, le Roi et les principaux officiers de ses troupes allèrent reconnaître l'ennemi dès la pointe du jour. On trouva qu'il avait changé de camp, et qu'il s'était posté vis-à-vis du flanc droit des Prussiens, sur une hauteur escarpée, au pied de laquelle, dans un terrain marécageux, coulait une eau bourbeuse; ce fond séparait les deux armées. Ce côté était entièrement inattaquable. On prit quelques bataillons de grenadiers, qu'on plaça dans un taillis d'où la droite de l'ennemi pouvait être vue : on la trouva aussi avantageusement placée que sa gauche. L'impossibilité de réussir dans une telle attaque, en fit abandonner le dessein, et l'on résolut de retourner au camp de Beneschau. Les grenadiers qui avaient servi à reconnaître l'ennemi, firent l'arrière-garde. Les Autrichiens, qui se préparaient à être attaqués, ne s'aperçurent pas de la retraite de leurs ennemis, dont une montagne leur déro-
a Entre hussards et le magasin, le Roi a oublié quelques mots : nous avons intercalé pour transporter, sans autre changement. Les éditeurs de 1788 s'étaient permis cette, phrase toute nouvelle : " pour assurer la communication avec le magasin de Leitmeritz. " Voyez ci-dessus, p. 62 et 65.