<66>now,a et laissa aux ennemis le regret d'avoir inutilement perdu du monde.

Peu après que le Roi eut pris le camp de Pischelli, le prince de Lorraine prit celui de Beneschau : il avait le pays à sa dévotion; les cercles lui livraient ses vivres, et il parvint à subsister quelques jours là où les Prussiens seraient péris de faim s'ils y fussent restés. Il se porta ensuite sur Kammerbourg, où il passa la Sasawa, dirigeant sa marche sur Janowitz, en gardant ses marais à dos. Le dessein du prince, ou pour mieux dire du vieux maréchal Traun, était d'obliger le Roi d'opter entre la Silésie ou la Bohême, laquelle de ces deux provinces il voudrait soutenir : si le Roi restait auprès de Prague, les ennemis lui coupaient la communication avec la Silésie, et si le Roi tirait vers Pardubitz, Prague et la Bohême étaient perdues. Ce projet était beau et digne d'admiration : le maréchal Traun y ajoutait la sage précaution de choisir toujours des camps inattaquables, pour ne point être forcé à combattre malgré lui.

Si le Roi avait pu aller aux ennemis au moment où ils décampèrent, il aurait pu les forcer au combat, ou il aurait gagné sur eux le poste de Kuttenberg, ce qui aurait ruiné tous leurs desseins. Le manque de pain, raison si souvent alléguée dans le récit de cette campagne, empêcha cette opération. Cependant, pour tenter l'impossible, le Roi avança le lendemain avec l'aile de l'armée; le prince Léopold devait suivre le lendemain, avec le pain qu'on attendait de Prague. Le bonheur voulut qu'à Kosteletz,b où le Roi prit son camp, il trouvât pour trois jours du pain, du vin et des viandes destinées aux ennemis, qu'il fit distribuer à ses troupes. Son intention était de gagner le lendemain Janowitz; mais il fut trompé par des espions qui assurèrent que le prince de Lorraine y était déjà. On tourna donc sur la gauche, et l'armée se campa à Kaurzim, à un mille de l'Elbe. Ce ne fut qu'alors qu'on apprit que M. de Nassau était à Kolin, et qu'un convoi de pain arriverait incessamment de Leitmeritz à l'armée :


a Le colonel Jean-Ernest Zimmernow fut nommé, le 2 juillet 1744, chef du régiment d'infanterie no 43. Il n'a jamais existé de famille noble du nom de Zimmernow.

b Il est question de Schwarz-Kosteletz.