<86>autrefois à sa cour : il prit le chemin de la Moravie, province dont il méditait la conquête en 1742. Il s'aboucha avec l'Empereur à Olmütz, d'où il poursuivit son chemin par Prague pour se rendre à Dresde. Brühl et son épouse se rendirent à Vienne, où ils recueillirent les fruits de leurs iniquités.

Dès que Brühl fut de retour à Dresde, il expédia son premier commis, son homme de confiance, un certain Saul, à la cour de Vienne, pour régler avec Bartenstein, ministre de la Reine, le partage de la Silésie. Ce fut un article secret qu'on ajouta au traité de Varsovie.a On promettait au roi de Pologne la principauté de Glogau et celle de Sagan : il s'engageait à faire agir offensivement ses troupes en Silésie, à renoncer à ses prétentions à la couronne impériale, et à donner sa voix au grand-duc de Toscane; il offrait de plus de porter son corps d'auxiliaires au nombre de trente mille hommes. On diffère sur les avantages que la reine de Hongrie promit au roi de Pologne : quelques personnes prétendent que la cour de Vienne s'engagea simplement d'avoir soin de ses intérêts à la pacification générale, et qu'elle promit au comte Brühl la principauté de Teschen avec la dignité de prince de l'Empire. Quoi qu'il en soit, il n'est pas naturel que le Roi ait été séduit par ces dernières conditions : la vraisemblance donne du poids au partage de la Silésie qui fut stipulé par le traité; et ce qui augmente les apparences, c'est que le comte de Saint-Séverin, qui était pour lors ambassadeur de France en Pologne, crut avoir découvert cette particularité, dont le bruit était assez généralement répandu.

Tant de traités entre la cour de Vienne et celle de Dresde augmentaient les ombrages que la Prusse en devait prendre. Le temps d'ouvrir la campagne approchait. Cagnoni,b chargé des


a Si par article secret qu'on ajouta au traité de Varsovie, le Roi veut parler du Traité de partage éventuel, conclu à Leipzig, le 18 mai 1745, par Auguste, roi de Pologne (voyez de Hertzberg, Recueil des déductions, manifestes, déclarations, traités, etc., 2e édition. Berlin, 1790, t. I, p. 28-30), il n'en a pas indiqué assez exactement le contenu.

b Charles de Cagnoni, natif de Naples, est cet habile diplomate dont il a été fait mention t. I, p. 199. Frédéric le Grand le fit agréger à l'Académie des Sciences en 1751, et le nomma même un des quatre curateurs. Plus tard, il se retira à Naples.