<90>seur, mais remplaçant ce défaut par toutes les qualités d'une âme bien née. Prévenu par le caractère personnel du ministre, on tenta si, par son moyen, on ne pourrait pas parvenir à ramasser quelques fondements pour la paix générale. Voici quelques idées esquissées qu'on lui communiqua : on pourvoira Don Philippe d'un établissement en Italie; la France gardera de ses conquêtes Ypres et Furnes, moyennant quoi l'Espagne prolongera pour vingt années, ou plus, la contrebande des Anglais; tous les alliés reconnaîtront Empereur le grand-duc de Toscane; la Prusse demeurera en possession de la Silésie, selon que le contient le traité de Breslau. Les ministres anglais déclinèrent d'entrer en négociation sur ces articles : c'est que le Roi désirait la continuation de la guerre, et qu'il contrecarra toutes les mesures des Pelham pour la terminer. La cause de ces refus obstinés fut enfin découverte à la Haye. Le plus beau génie d'Angleterre et en même temps le plus éloquent, le lord Chesterfield, était alors ambassadeur en Hollande : il ne cacha point au comte de Podewils, ministre de Prusse auprès des états généraux, que le traité de Varsovie donnait des entraves à la bonne volonté des Pelham; que, par conséquent, le roi de Prusse ne devait point se laisser arrêtera par des négociations, mais s'opposer vigoureusement aux desseins de ses ennemis, qui tramaient sa perte. Cela n'empêcha pas que les fréquentes insinuations du ministre prussien à Londres ne conciliassent entièrement au roi de Prusse l'affection du nouveau ministère, qui fit assurer ce prince qu'il n'attendait que les occasions pour le servir.
Le conseil de mylord Chesterfield était le meilleur qu'on pût suivre. On continua de négocier; mais l'attention principale du Roi se tourna sur tous les objets qui pouvaient lui assurer d'heureux succès pour la campagne prochaine. Un des objets les plus importants était de former en Silésie de gros magasins pour l'armée; rien ne fut épargné pour les rendre considérables. On fit des efforts pour recompléter les troupes. Le soldat était largement entretenu dans les quartiers d'hiver; la cavalerie était remontée et complète; plus de six millions furent tirés du trésor
a Le mot que nous avons remplacé par arrêter, a été oublié par l'Auteur dans le manuscrit original.