<103>en Saxe sous les couleurs les plus noires : c'était une injure faite à la Russie; c'était braver les forces de cet empire; c'était un mépris manifeste des garanties que l'impératrice Élisabeth avait données au roi de Pologne de son électorat. Pour appuyer ces insinuations, les Autrichiens prodiguaient à Pétersbourg des calomnies contre la Prusse, et les sommes d'argent qu'ils y répandaient. Pour hâter la marche des troupes russiennes, l'Impératrice-Reine promit de payer annuellement un subside de deux millions d'écus à l'impératrice Élisabeth : cette somme était proprement payée par la France; c'était l'évaluation du contingent qu'elle devait à l'Autriche, qui se servait de ce subside pour engager la Russie à déclarer la guerre à la Prusse.
Les ministres de l'Impératrice-Reine travaillaient avec non moins de zèle à Ratisbonne pour engager dans ces troubles les états de l'Empire; en même temps, les Français intimidèrent la diète par leurs menaces au point qu'elle souscrivit aveuglément aux volontés de la cour de Vienne : il fut résolu par les conclusions de cette diète que le Saint-Empire formerait une armée d'exécution, qui s'avancerait tout droit dans l'électorat de Brandebourg. Le commandement de cette armée fut décerné au prince de Hildbourghausen, maréchal au service d'Autriche. Alors le fiscal de l'Empire se mit sur les rangs : il avança que les rois de Prusse et d'Angleterre devaient être mis au ban de l'Empire; quelques princes représentèrent que si autrefois l'électeur de Bavière avait été condamné à ce ban, cela ne s'était fait qu'après qu'il eut perdu la bataille de Höchstädt, et que, dès que les armées impériales en auraient gagné de pareilles, il serait libre à chacun de procéder contre ces deux rois. La France comprit que si l'on se précipitait à publier cet arrêt, la cour de Vienne commettrait sa dignité, et qu'il y aurait à craindre de plus que les deux rois et leurs adhérents ne formassent un schisme, et ne se séparassent entièrement du Saint-Empire romain : ils firent toutes ces représentations à Vienne, et conseillèrent à la Reine d'attendre les succès de la fortune pour régler dessus les mesures ultérieures qu'elle aurait à prendre.
Quoique cet avis prévalût, cela n'empêcha pas le fiscal d'agir avec une indécence et une grossièreté insupportables contre des