<104>rois, envers lesquels les ennemis même observent communément des procédés honnêtes et respectueux. Il aurait été difficile de répondre aux écrits injurieux et amers de cette diète, si M. de Plotho, ministre du Roi à Ratisbonne, n'eût pas eu le talent et l'adresse de tremper sa plume dans le même fiel. Le style de la cour impériale n'était pas plus doux; on le distinguait néanmoins des écrits du fiscal par des insolences pleines de fierté et par quelque chose de plus piquant, mêlé d'arrogance et de hauteur. Le Roi, indigné contre ces procédés, fit insinuer à l'Impératrice qu'on pouvait être ennemi sans se dire des injures; qu'il suffisait aux souverains de vider leurs débats par l'épée, sans se prostituer réciproquement devant le monde par des écrits faits pour les halles et indignes du trône : ces remontrances furent longtemps vaines, et n'acquirent du poids qu'après que le Roi eut gagné quelques batailles.
Tandis que toute l'Europe s'armait contre les rois de Prusse et de la Grande-Bretagne, l'Angleterre se trouvait dans une subversion générale, qui engourdissait le gouvernement, et serait devenue préjudiciable aux intérêts de la nation, si des changements survenus à propos n'avaient pas à temps redressé les choses. Les dissensions domestiques qui brouillaient l'intérieur de l'État, étaient fomentées par le duc de Cumberland, qui se flattait qu'à leur faveur il pourrait remplir de ses créatures les premiers postes : c'était lui qui avait soulevé la nation contre les Français; c'était lui qui avait allumé la guerre, dans l'espérance que le ministère ne pourrait pas se soutenir dans un temps de trouble. Les premières entreprises des Anglais tournèrent si mal, qu'ils perdirent Port-Mahon : ce fut là le prétexte dont se servit le parti de ce prince pour en rejeter la faute sur la malhabileté du duc de Newcastle. A l'ouverture du parlement, les esprits s'échauffèrent, l'animosité des partis redoubla, et tant de ressorts furent mis en œuvre par les intrigues du duc de Cumberland, que le duc de Newcastle, fatigué par la faction plutôt que vaincu, résigna ses emplois; le parti de Cumberland, triomphant, fit donner les sceaux au sieur Fox, créature du prince. Cependant ce nouvel arrangement, qui manquait de consistance, ne put se soutenir : M. Fox quitta de lui-même cette place qu'on lui avait fait obtenir