<115>en déroute. Le prince de Würtemberga y fit des prodiges de valeur. Alors M. de Lestwitz attaqua la droite de l'ennemi et les redoutes qui couvraient Reichenberg, et quoiqu'il traversât différents défilés avant que d'y arriver, néanmoins le régiment de Darmstadtb força ces redoutes, et obligea l'ennemi à prendre la fuite; on le poursuivit de hauteur en hauteur jusqu'à Röchlitz et à Dörfel; la difficulté de ce terrain montueux, et l'impossibilité qu'il y a que des troupes qui veulent demeurer en ordre, puissent atteindre un ennemi qui fuit à la débandade, empêchèrent le prince de Bevern de ruiner entièrement ce corps. Les Autrichiens perdirent environ dix-huit cents hommes à cette action, dont huit cents furent pris par le prince de Bevern. La perte des Prussiens ne passa pas trois cents hommes, parce que l'ennemi ne leur avait pas opposé une résistance opiniâtre. Le prince de Bevern suivit à Liebenau M. de Königsegg, où un défilé impraticable, derrière lequel ce général avait formé son monde, l'empêcha de tenter de nouvelles entreprises.
De ce côté, les Prussiens n'auraient pu pénétrer plus avant en Bohême, si le maréchal de Schwerin en survenant ne les eût secondés à propos. L'armée de Silésie fut la première qui entra en Bohême, le 18 d'avril; elle déboucha dans ce royaume par cinq différents chemins : une de ces colonnes qui se dirigeait sur Schatzlar, pensa y surprendre les princes de Saxe, qui s'y trouvaient; celle qui prenait la route de Golden-Oelse, rencontra trois cents pandours qui d'un rocher escarpé défendaient le passage aux Prussiens : M. de Winterfeldt trouva le moyen de faire gravir sur ces rocs quelques troupes qui prirent ces pandours à revers et les passèrent au fil de l'épée; les trois autres colonnes, qui débouchèrent par le comté de Glatz, n'ayant point rencontré
a Frédéric-Eugène duc de Würtemberg-Stuttgart naquit en 1732; il devint général-major le 17 octobre 1756, lieutenant-général le 4 décembre 1757, et quitta l'armée le 18 mai 1769. Le 6 mai 1795, il reçut le titre de feld-maréchal de l'armée prussienne. Il mourut en 1797.
b C'est le régiment d'infanterie no 12, dont le lieutenant-général Louis prince héréditaire de Hesse-Darmstadt était le chef. Les mots commandé par le colonel de Hertzberg, ajoutés ici par les éditeurs de 1788, n'existent pas dans le manuscrit, quoiqu'il soit constaté que ce colonel commandait le régiment dans cette action.