<116>d'ennemis sur leur chemin, joignirent toutes le maréchal de Schwerin à Königinhof. Ce maréchal, ayant des nouvelles de ce qui s'était passé du côté du prince de Bevern, se porta à dos de M. de Königsegg, qu'il pensa surprendre dans son camp de Liebenau; les Autrichiens décampèrent en hâte, et voulurent diriger leur marche sur Jung-Bunzlau; M. de Schwerin les y prévint encore, et il s'empara en même temps du magasin considérable que les ennemis avaient formé à Kosmanos. Ce fut à cet endroit que le corps de la Lusace joignit l'armée de la Silésie.

Cependant M. de Königsegg s'avançait à grandes journées vers Prague; le maréchal le suivit à Bénatek, d'où il détacha, pour talonner l'ennemi de plus près, M. de Wartenberg, qui défit près d'Alt-Bunzlau l'arrière-garde autrichienne, forte de quinze cents hommes, dont le plus grand nombre fut tué ou pris. Ce brave général, un des meilleurs officiers de cavalerie de l'armée, y perdit la vie,a et fut universellement regretté. M. de Fouqué marcha sur cela avec l'avant-garde du maréchal à Bunzlau, et il s'y arrêta jusqu'au 4 de mai, pour rétablir les ponts de l'Elbe, que l'ennemi avait rompus pour assurer sa retraite. Le même jour, le maréchal fit passer la rivière à son armée, et se campa à un mille et demi de Prague.

Une partie des troupes que M. de Piccolomini avait commandées l'année précédente, n'était pas encore assemblée; le maréchal Daun en avait reçu le commandement après la mort du premier. Sur le bruit de ces différentes invasions des Prussiens, ce maréchal reçut ordre de rassembler son armée, et de la mener droit à Prague; M. de Browne l'attendait avec d'autant plus d'impatience, qu'il voyait que toutes les forces des Prussiens allaient incessamment fondre sur lui. Le Roi était instruit de la marche du maréchal Daun; son armée ne pouvait rien entreprendre contre M. de Browne, qui était couvert par la Moldau et par la ville de Prague; d'ailleurs les choses en étaient venues au point que le sort des deux armées devait nécessairement se décider par une bataille; et puisqu'on ne pouvait l'engager qu'à l'autre rive de la Moldau, le Roi résolut d'attaquer M. de Browne avant sa jonction


a Le a mai. Hartwig-Charles de Wartenberg était général-major et chef du régiment de hussards no 3 de la Stammliste de 1806. Voyez t. III. p. 115.