<118>son grand âge conservait encore tout le feu de sa jeunesse, voyant avec indignation des Prussiens repoussés, se mit à la tête de son régiment, et prenant un drapeau à la main, il le conduisit à la charge et y fit des efforts de valeur extraordinaires; mais comme il n'y avait point encore de troupes pour le soutenir, il y succomba et y fut tué, en terminant une vie glorieuse par une mort qui y ajoutait un nouveau lustre. La seconde ligne arriva dans ces entrefaites; le Roi attira encore à lui le prince Ferdinand de Brunswic avec quelques régiments, et le combat se redressa d'autant plus facilement, que M. de Treskowa avec sa brigade, qui était tant soit peu plus à droite, avait percé la ligne des ennemis. Le Roi fit alors avancer les régiments de Charlesb et de Jeune-Brunswic;c il joignit M. de Treskow, et avec ce corps il poussa l'infanterie autrichienne au delà de ses tentes, qu'elle n'avait pas eu le temps d'abattre. Dès ce moment, la déroute devint générale à la droite des ennemis; on demanda de la cavalerie, pour profiter de ce désordre; le malheur voulut que les hussards et les dragons tombèrent sur du bagage ennemi qui s'enfuyait, et ils arrivèrent trop tard pour donner dans l'infanterie, qui sans cet accident aurait toute été prise ou passée au fil de l'épée. Cela n'empêcha pas que le Roi ne poursuivît vivement l'ennemi. On envoya M. de Puttkammerd avec des hussards vers la Sasawa, où s'était sauvée une partie des fuyards, et avec le gros des troupes on s'avança vers le Wyssehrad, de sorte que la gauche des Autrichiens était entièrement coupée de sa droite. La droite de l'armée du Roi n'était point destinée à combattre, à cause de ce profond ravin dont nous avons parlé, qui était devant elle, et du désavantage que le terrain lui donnait;


a Joachim-Chrétien de Treskow fut nommé lieutenant-général et chevalier de l'ordre de l'Aigle noir, en récompense de la valeur qu'il avait montrée à la bataille de Prague.

b C'est le régiment d'infanterie no 19. Voyez t. II, p. 85.

c Il s'agit ici du régiment d'infanterie no 39, dont les chefs, depuis sa formation en 1740, furent les princes Ferdinand, Albert et François de Brunswic. Après la mort de ce dernier, la charge de chef du régiment Jung-Braunschweig resta vacante depuis la bataille de Hochkirch jusqu'en 1763, époque où le prince Guillaume de Brunswic en fut revêtu. Le régiment d'infanterie du prince Ferdinand, no 5, s'appelait Alt-Braunschweig.

d George-Louis de Puttkammer, colonel, chef du régiment de hussards no 4.