<120>prussienne : MM. de Fouqué et de Winterfeldt furent dangereusement blessés; là périrent M. de Hautcharmoy, M. de Goltz, le prince de Holstein, M. de Manstein d'Anhalta et nombre de vaillants officiers et de vieux soldats, qu'une guerre sanglante et cruelle ne donna pas le temps de remplacer.
Le lendemain, le Roi envoya M. de Krockow à Prague, pour sommer la ville de se rendre; ce général fut bien étonné d'y trouver le prince Charles de Lorraine, et d'apprendre avec certitude que quarante mille Autrichiens, sauvés de la bataille, étaient enfermés dans ses murailles. Cette nouvelle obligea le Roi à prendre des mesures différentes; il s'empara de la montagne de Ziska, où se campa la droite de l'armée, d'où le front, allant en occupant toutes les vignes qui versent vers Prague, allait par Saint-Michel aboutir à Podoly à la Moldau. On y construisit un pont, pour avoir la communication assurée de ce côté-là avec le maréchal Keith, et on en fit un de même à Branik sur la basse Moldau.
La ville de Prague ne saurait être considérée comme une place de guerre; située dans un fond, elle est entourée par des vignes et des rochers qui la dominent également de tous les côtés; ses fossés sont secs, ses ouvrages revêtus d'une maçonnerie légère, les parapets en beaucoup d'endroits trop minces, les courtines trop longues; tous ces ouvrages avaient été si fort négligés pendant la paix, qu'en différents endroits ils étaient insultables; mais la garnison ne l'était pas : pour l'attaquer en forme, il fallait une armée plus nombreuse que la prussienne, surtout après les détachements qu'on avait été obligé de faire, et dont nous aurons lieu de parler incessamment. Ces raisons firent que le Roi se contenta de bloquer la ville, en essayant si l'on pourrait prendre la
a La bataille de Prague coûta la vie à cinq généraux, qui sont : le feld-maréchal comte de Schwerin et le général-major d'Amstel, qui restèrent sur la place; le lieutenant-général de Hautcharmoy, le général-major Emmanuel de Schöning et le général-major Chrétien-Frédéric de Blanckensee, qui furent blessés à mort.
Le baron Balthasar-Frédéric de Goltz était colonel et commandeur du régiment d'infanterie Fouqué.
Le duc Frédéric-Guillaume de Holstein-Beck était colonel au régiment d'infanterie du duc de Würtemberg, no 46.
Le colonel George-Frédéric de Manstein avait le grade de commandeur du régiment d'infanterie du prince François d'Anhalt-Dessau, no 3.