<131>transporter, les chevaux en ayant été tués. Après que le Roi eut donné ses ordres aux généraux pour la retraite des troupes, il accourut au plus pressé; il se rendit à son armée de Prague, où il ne put arriver que le lendemain au soir, et l'on fit les dispositions pour lever le blocus de la ville, que le funeste événement de Kolin ne permettait plus de continuer.

Ce qu'il y eut de singulier dans l'action que nous venons de rapporter, fut que déjà l'infanterie autrichienne commençait à se retirer, que la cavalerie devait en faire autant, lorsqu'un colonel d'Ayasassab de son propre mouvement attaqua l'infanterie prussienne avec ses dragons, au moment que les cuirassiers de Prusse l'avaient mise en désordre, et que les succès firent révoquer les premiers ordres. Sans doute que le dérangement où se trouvaient les Autrichiens après une affaire aussi opiniâtre, les empêcha de poursuivre les Prussiens; cependant ils étaient victorieux. Sans doute que si le maréchal Daun avait eu plus de résolution et d'activité, son armée aurait pu arriver le 20 devant Prague, et les suites de la bataille de Kolin seraient devenues plus funestes pour les Prussiens que leur défaite même.

Le 20, de grand matin, les Prussiens levèrent le blocus de Prague. Le corps qui avait campé du côté de Saint-Michel, se retira au delà de l'Elbe par Alt-Bunzlau et Brandeis, pour se joindre à l'armée de Kolin, qui campait à Nimbourg. Le corps du maréchal Keith devait se replier sur Welwarn, pour couvrir les magasins de Leitmeritz et d'Aussig; des contre-temps s'en mêlèrent, les ponts ne furent pas relevés assez vite, on fut obligé d'attendre, et le maréchal Keith ne put quitter son camp qu'à onze heures. Les Prussiens de Saint-Michel étaient partis à trois heures du matin. Le prince de Lorraine, qui eut d'abord des avis de la bataille que le maréchal Daun venait de gagner, se prépara à faire une sortie sur les troupes du maréchal Keith prêtes à lever le piquet. Il sortit du Petit-Côté, et canonna vive-


b Ce n'est pas le colonel Ayasassa, mais le lieutenant-colonel de Benkendorf, commandeur d'un régiment de dragons saxons, qui attaqua de son propre mouvement l'infanterie prussienne. Voyez G. F. von Tempelhof, Geschichte des siebenjährigen Krieges in Deutschland. Berlin, 1783, in-4, t. I, p. 207 et 216, et (de Retzow) Charakteristik der wichtigsten Ereignisse des siebenjährigen Krieges. 1802, t. I, p. 138.