<133>la communication que les Prussiens entretenaient entre le camp de Leitmeritz et celui de Leipa; en quoi il n'eut pas de peine à réussir, en répandant ses pandours dans les forêts et les défilés abondants qui se trouvent dans cette partie de la Bohême. A la rive gauche de l'Elbe, il ne parut qu'un petit corps autrichien commandé par le sieur Loudon. Ce partisan, à la tête de deux mille pandours, s'était niché au pied du Paschkopole, d'où il infestait les grands chemins, inquiétait les détachements, et faisait des coups peu considérables. Celui qui lui réussit le mieux devint funeste à M. de Manstein,b célèbre pour avoir engagé la bataille de Prague, et avoir causé la perte de celle de Kolin. Ce général se faisait transporter en Saxe, pour y chercher la guérison de ses blessures; il était escorté par deux cents hommes de nouvelles levées : Loudon l'attaque en chemin, l'escorte se met en désordre, Manstein sort de sa voiture, prend son épée, se défend en désespéré, et, refusant le quartier qu'on lui offre, se fait tuer sur la place.

La guerre se faisait avec plus de vigueur du côté du prince de Prusse. Après la jonction du prince de Lorraine et du maréchal Daun, ils quittèrent Brandeis, ils suivirent le prince de Prusse; ils se campèrent à Niemes, où ils tournaient son flanc gauche, et gagnaient sur les Prussiens une marche sur Gabel. Le général Puttkammera défendait le château de cette ville, où le prince de Prusse l'avait envoyé avec quatre bataillons, pour faciliter les convois que son armée tirait de Zittau. Si le prince de Prusse eût pris le parti de marcher incontinent à Gabel, les Autrichiens n'auraient rien gagné par leur mouvement; mais le prince, qui n'en sentit pas d'abord les conséquences, demeura tranquille dans son camp, et laissa faire à l'ennemi ce qu'il lui plut. Le maréchal Daun fit partir un détachement de vingt mille hommes, qui attaqua M. de Puttkammer à Gabel; ce général, après une vigoureuse résistance et trois jours de tranchée ouverte, n'étant point secouru, fut obligé de se rendre prisonnier


b Le général-major de Manstein fut blessé grièvement près de Kolin. Il périt atteint d'une balle, le 27 juin 1757, près de Welmina. Voyez ci-dessus, p. 97, 135 et 147.

a Nicolas-Laurent de Puttkammer, général-major d'infanterie.