<162>leur fit distribuer des vivres gratis; enfin on épuisa tous les moyens que l'imagination pouvait fournir et que le temps permettait, pour réveiller dans les troupes cette confiance sans laquelle l'espérance de la victoire est vaine. Déjà les physionomies commençaient à s'éclaircir, et ces troupes qui venaient de battre les Français à Rossbach, persuadèrent à leurs compagnons qu'ils devaient prendre bon courage. Quelque peu de repos refit le soldat, et l'armée se trouva disposée à laver, aussitôt que l'occasion s'en présenterait, l'affront qu'elle avait reçu le 22. Le Roi chercha cette occasion, et bientôt elle se trouva. Il avança le 4 à Neumarkt; il était avec l'avant-garde des hussards, et apprit que l'ennemi établissait sa boulangerie dans cette ville, qu'elle était garnie de pandours, et qu'on y attendait dans peu l'armée du maréchal Daun. La hauteur située au delà de Neumarkt donnait un avantage considérable à l'ennemi, si on lui permettait de l'occuper : la difficulté était de prendre ce lieu; l'infanterie n'était point arrivée, et ne pouvait joindre l'avant-garde qu'au soir; on n'avait point de canon; les seules troupes dont on pouvait tirer parti étaient des hussards : on se résolut à faire de nécessité vertu. Le Roi, ne voulant pas souffrir que le prince de Lorraine vînt se camper à sa barbe vis-à-vis de lui, fit mettre pied à terre à quelques escadrons de hussards; ils enfoncèrent la porte de la ville; un régiment qui les suivait à cheval, y entra en pleine carrière; un autre régiment qui fit le tour par des faubourgs, gagna la porte de Breslau, et l'entreprise réussit au point que huit cents Croates furent pris prisonniers par les hussards. On occupa aussitôt l'emplacement du camp, et l'on y trouva des piquets, et les traces que les ingénieurs autrichiens y avaient laissées pour marquer la position de leurs troupes. Le prince de Würtemberg prit le commandement de l'avant-garde; on le renforça le soir de dix bataillons, avec lesquels il se campa à Kammendorf. Le même jour, la cavalerie passa encore le défilé; le gros de l'infanterie cantonna dans la ville de Neumarkt et dans les villages voisins. Des nouvelles positives arrivèrent alors au Roi, par lesquelles il apprit que le prince de Lorraine avait quitté le camp de la Lohe, et s'était avancé au delà de Lissa; que son armée avait sa droite appuyée au village de Nippern, sa gauche