<163>à Gohlau, et à dos le petit ruisseau de Schweidnitz. Le Roi se réjouit de trouver l'ennemi dans une telle position, qui facilitait son entreprise; car il était obligé et déterminé d'attaquer les Autrichiens partout où il les trouverait, fût-ce même au Zobtenberg.

On travailla d'abord à la disposition de la marche, et l'armée se mit en mouvement le 5, avant l'aube du jour; elle était précédée par une avant-garde de soixante escadrons et de dix bataillons, à la tête de laquelle le Roi s'était mis en personne; les quatre colonnes de l'armée la suivaient à une petite distance; l'infanterie formait celles du centre, et celles des ailes étaient composées de cavalerie. L'avant-garde, en approchant du village de Borne, découvrit une grande ligne de cavalerie, dont la droite tirait vers Lissa, et dont la gauche, qui était plus avancée, s'appuyait à un bois que l'armée du Roi avait à sa droite. Du commencement, on crut que c'était une aile de l'armée autrichienne, dont on ne découvrait pas le centre; ceux qui en firent la reconnaissance, assurèrent que c'était une avant-garde; on apprit même qu'elle était commandée par le général Nostitz, et que le corps consistait en quatre régiments de dragons saxons et deux de hussards impériaux. Pour jouer à jeu sûr, on fit glisser les dix bataillons dans le bois qui couvrait le flanc gauche de M. de Nostitz; sur quoi la cavalerie prussienne, qui s'était formée, fondit dessus avec beaucoup de vivacité : dans un moment ces régiments furent dissipés et poursuivis jusque devant le front de l'armée autrichienne; on leur prit cinq officiers et huit cents hommes, qu'on renvoya le long des colonnes à Neumarkt, pour animer le soldat par l'exemple de ce succès. Le Roi eut de la peine pour arrêter la fougue des hussards, que leur ardeur transportait : ils étaient sur le point de donner au milieu de l'armée autrichienne, lorsqu'on les rassembla entre les villages de Heydau et de Frobelwitz, à une portée de canon de l'ennemi. On distinguait si bien de là l'armée impériale, qu'on aurait pu la compter homme par homme; sa droite, qu'on savait à Nippern, était cachée par le grand bois de Lissa; mais du centre jusqu'à la gauche, rien n'échappait à la vue. A la première inspection de ces troupes, on jugeait par le terrain qu'il fallait porter les grands coups à