<166>plaine; sur quoi M. de Driesena reçut ordre d'avancer avec l'aile gauche de la cavalerie prussienne. Lorsque les cuirassiers autrichiens commencèrent à se former près de Leuthen, la batterie du centre de l'armée du Roi les salua par une décharge de toute son artillerie; M. de Driesen, en même temps, les attaqua : la mêlée ne fut pas longue; les Impériaux furent dispersés et s'enfuirent à vau-de-route. Une ligne d'infanterie qui s'était formée à côté de ces cuirassiers derrière Leuthen, fut prise en flanc par le régiment de Baireuth, qui, la rejetant sur les volontaires de Wunsch,b en prit deux régiments entiers avec officiers et drapeaux. Alors, la cavalerie ennemie étant tout à fait dissipée, le Roi fit avancer le centre de son infanterie sur Leuthen. Le feu fut vif et court, parce que l'infanterie autrichienne n'était qu'éparpillée entre les maisons et les jardins. En débouchant du village, on aperçut une nouvelle ligne d'infanterie que les généraux autrichiens formaient sur une éminence près du moulin à vent de Sagschütz : l'armée du Roi eut quelque temps à souffrir de leur feu; mais les ennemis ne s'étaient pas aperçus dans cette confusion que le corps de M. de Wedell était dans leur voisinage; ils furent tout à coup pris en flanc et à dos par ce brave et habile général, et sa belle manœuvre, en fixant la victoire, termina cette importante journée.
Le Roi, ramassant les premières troupes qui se présentèrent, se mit à la poursuite des ennemis avec les cuirassiers de Seydlitz et un bataillon de Jeune-Stutterheim;a il s'avança dirigeant sa
a George-Guillaume de Driesen, né dans la province de Prusse en 1700, lieutenant-général depuis le 1er décembre 1757, mourut à Dresde le 2 novembre 1758.
b Jean-Jacques de Wunsch était en 1756 capitaine dans le bataillon franc d'Angenelli; dès l'année suivante, il fut promu au grade de major, puis à celui de lieutenant-colonel, et il forma lui-même un bataillon franc, qui se distingua pendant cette guerre et devint bientôt un régiment. De Wunsch obtint en 1759 les grades de colonel et de général-major, et en 1771, il fut nommé lieutenant-général.
a Othon-Louis de Stutterheim, frère cadet du général Joachim-Frédéric de Stutterheim, né dans la Lusace en 1718, obtint en avril 1759, avec le grade de général-major, le régiment d'infanterie no 20. Il fut nommé lieutenant-général en 1767, et jusqu'au commencement de la guerre de succession de Bavière, il resta à la tête de ce même régiment, dont, avant lui, le général-major Auguste-Gottlieb de Bornstedt avait eu le commandement, et auquel le Roi donne le nom du chef qui le commandait au moment où il composa cette histoire.