<167>marche entre le ruisseau de Schweidnitz et le bois de Lissa. L'obscurité devint si grande, qu'il poussa quelques cavaliers en avant pour reconnaître les forêts et pour donner des nouvelles; de temps à autre, il fit tirer quelques volées de canon vers Lissa, où le gros de l'armée autrichienne s'était enfui : en approchant de ce bourg, l'avant-garde essuya une décharge d'environ deux bataillons, dont personne ne fut blessé; elle y répondit par quelques volées de canon, en poursuivant toujours sa marche. Chemin faisant, les cuirassiers de Seydlitz amenaient des prisonniers par bandes. En arrivant à Lissa, le Roi trouva toutes les maisons pleines de fuyards et de gens débandés de l'armée impériale; il s'empara d'abord du pont, où il plaça ses canons, avec ordre de tirer tant qu'il y aurait de la poudre. Sur le chemin de Breslau, où l'ennemi avait pris sa retraite, il fit jeter des pelotons d'infanterie dans les maisons les plus voisines du ruisseau de Schweidnitz, pour tirer, tant que la nuit dure, sur l'autre bord, tant pour entretenir la terreur chez les vaincus, que pour les empêcher de jeter quelques troupes de l'autre bord pour en disputer le passage le lendemain. Cette bataille avait commencé à une heure de l'après-midi; il en était huit lorsque le Roi avec son avant-garde arriva à Lissa. Son armée était forte de trente-trois mille hommes lorsqu'elle entra en action avec celle des Impériaux, qu'on disait monter à soixante mille combattants. Si le jour n'eût pas enfin manqué aux Prussiens, cette bataille aurait été la plus décisive de ce siècle.
Les troupes n'eurent pas le temps de se reposer : elles partirent de Lissa qu'il était encore nuit, elles amassèrent en marche nombre de traîneurs des ennemis, et elles arrivèrent vers les dix heures sur les bords de la Lohe, où, malgré une forte arrière-garde, commandée par M. de Serbelloni, postée auprès de Gross-Mochber, dix bataillons passèrent ce ruisseau; on les forma dans un ravin à l'abri du canon des Autrichiens, et l'on embusqua les hussards derrière des villages et des censes, où ils étaient couverts et à portée d'agir aussitôt que cela deviendrait nécessaire. M. de Serbelloni hâta sa retraite autant qu'il put, et se replia vers les deux heures de l'après-midi sur Breslau; M. de Zieten, avec tous les hussards, vingt escadrons de dragons et seize ba-