<169>le Taschenbastion et sur le cavalier qui le commande. Les assiégés se défendirent mollement; ils tentèrent par le faubourg polonais, du côté de M. de Wied, une faible sortie, où ils perdirent trois cents hommes. Le 16, une bombe mit par hasard le feu au magasin de poudre du Taschenbastion; l'épaule sauta, et ses décombres formèrent une espèce de brèche. Le froid devint si violent, que le commandant craignit que malgré ses précautions, les fossés étant gelés, les Prussiens ne donnassent un assaut à la place; il craignit d'être pris d'emblée : il savait d'ailleurs que, l'armée impériale étant rechassée en Bohême, il n'avait aucun secours à en attendre. Ces différentes considérations le portèrent à capituler, et il se rendit lui et toute sa garnison prisonniers de guerre; il se trouva que quatorze mille hommes en avaient assiégé dix-sept mille. Mais il fallait considérer qu'une partie de cette garnison était des fuyards de Leuthen, et qu'en général ni les fortifications ni le nombre des soldats ne défendent une ville, mais que tout dépend de la tête plus ou moins forte et du courage déterminé de celui qui y commande.

Nous avons rapporté sans interruption les événements de cette expédition de Silésie; peut-être ne serez-vous pas fâché de trouver ici le résumé des pertes qu'y firent les deux parties belligérantes.

Les Prussiens ne perdirent à la bataille de Leuthen, en morts et blessés, que deux mille six cent soixante hommes,a à cause qu'ils eurent, en exceptant la première attaque, un terrain qui les favorisa.

Les Autrichiens y perdirent trois cent sept officiers, vingt et un mille soldats, cent trente et un canons, cinquante et un drapeaux. MM. de Zieten et de Fouqué leur firent deux mille cinq cents prisonniers dans la poursuite. La prise de Breslau leur coûta treize généraux, six cent quatre-vingt-cinq officiers, et dix-sept mille six cent trente-cinq soldats;b somme totale : quarante et


a Les deux généraux-majors d'infanterie Gaspard-Frédéric de Rohr et Laurent-Ernest de Münchow y furent blessés mortellement.

b Le nombre des Autrichiens faits prisonniers par les Prussiens à la suite de la capitulation de Breslau du 20 décembre 1757, se montait en tout à dix-sept mille six cent trente-cinq hommes, savoir : treize généraux, six cent quatre-vingt-cinq officiers, neuf cent soixante et dix-sept sous-officiers et simples soldats de cavalerie, quatorze mille huit cent soixante et dix-neuf sous-officiers et simples soldats d'infanterie, mille quatre-vingt et une personnes de l'Unterstab, y compris les valets. Voyez Berlinische Nachrichten von Staats- und gelehrten Sachen, 1758, no 1.