<192>l'armée ennemie était encore en cantonnements aux environs de Königingrätz et de Jaromircz; le maréchal Daun, qui en avait seul le commandement, avait poussé en avant le corps de Loudon à Trautenau, et celui de Beck à Nachod. Les armées étant dans cette position, M. de Treskow investit de plus près la ville de Schweidnitz. La tranchée ne put être ouverte que la nuit du 1er au 2 d'avril; l'attaque fut dirigée sur le fort de la Potence, comme l'endroit le moins bien fortifié, et le plus commode pour y conduire les munitions de guerre. Bientôt vingt-quatre canons, vingt mortiers et seize obusiers furent mis en batterie. Cet ouvrage, souvent dérangé par l'artillerie des assiégés, ne put être entièrement perfectionné que le 8, et dès le 10 on occupa une flèche que l'ennemi fut obligé d'abandonner; cette flèche, qui nous approchait à cent pas du fort de la Potence, donna lieu au coup de main qu'on tenta sur cet ouvrage pour terminer d'autant plus promptement le siége; les canons du fort de l'Eau et de celui de la Potence ayant été démontés dès le 15, on donna l'assaut à l'ouvrage le soir à minuit; on le tourna par la gorge, et mille grenadiers l'emportèrent, avec une perte si légère, qu'elle ne mérite pas d'être rapportée. Le commandant, décontenancé par une action aussi vigoureuse, battit la chamade; il se rendit prisonnier de guerre avec la garnison; le comte de Thierheim évacua la ville le 18, et sa troupe, forte de cinq mille hommes, fut répandue dans les différentes places de la Silésie et de la Marche électorale.
Ce siége si heureusement et si promptement terminé donnait au Roi la faculté d'exécuter de plus grands projets : son dessein était de pénétrer dans la Moravie et de prendre Olmütz, non pas pour conserver cette place, car on prévoyait dès lors la diversion que les Russes, qui s'étaient emparés de la Prusse, se préparaient à faire en Poméranie et dans les Marches de Brandebourg; mais afin d'amuser durant toute la campagne les Autrichiens dans cette partie éloignée des États du Roi, pour avoir le temps et l'aisance de s'opposer, en attendant, avec des forces considérables à l'armée russe. Pour exécuter ce projet, il fallait de nécessité en imposer au maréchal Daun, afin de gagner sur lui quelques marches et le temps de s'établir aux environs d'Olmütz avant son arrivée. Dans cette intention, l'armée du Roi se retira des montagnes dans les