<196>rencontra ce convoi près de Gibau. Le général Loudon l'attaqua le lendemain; après un combat de cinq heures, il fut obligé de se replier. Le transport avançait très-lentement à cause des chemins rompus, et le maréchal Daun profita de ce temps pour renforcer MM. Janus et Loudon de huit mille hommes. Le 30, le convoi fut attaqué de nouveau entre Bautsch et Domstättl; à peine mille hommes de cavalerie, quatre bataillons et quatre cents chariots eurent-ils ouvert la marche et passé le défilé de Domstättl, que l'ennemi se porta avec toutes ses forces de Bährn et de Liebau sur ce convoi, de sorte que ces deux colonnes de l'ennemi, venant à se joindre, coupèrent l'avant-garde, qui venait de passer le défilé, du reste du corps qui suivait. M. de Zieten, qui était avec le gros du convoi, fit charger vigoureusement une des ailes de l'ennemi; mais le nombre était trop disproportionné pour qu'il pût réussir, de sorte qu'après avoir vaillamment combattu, il fut contraint de se retirer avec la plus grande partie de son monde sur Troppau; il y perdit le général Puttkammera et huit cents hommes, sans compter tout le convoi et le trésor de l'armée, qui tomba entre les mains de l'ennemi. Ce malheur fut cause de la levée du siége. Si ce convoi eût pu arriver, la ville était prise en moins de quinze jours, parce que l'on avait achevé la troisième parallèle, et que l'on commençait d'en déboucher avec les sapes. Mais quelque apparentes que fussent ces espérances, il fallut y renoncer pour sauver l'armée, qui en prolongeant son séjour en Moravie aurait manqué de subsistances.
Il y avait deux chemins pour le retour : l'un qui mène en Haute-Silésie, par lequel l'armée était venue, et l'autre qui traverse la Bohême, et mène ou dans le comté de Glatz, ou, par Braunau, en Silésie. L'ennemi s'était préparé à rendre la première route difficile. Loudon, Janus et Saint-Ignon y étaient demeurés depuis l'affaire des convois; le maréchal Daun s'était porté même avec son armée à Tobitschau, de sorte qu'on pouvait s'attendre, en prenant ce chemin, d'avoir deux corps ennemis sur les flancs, et sans cesse le maréchal Daun derrière l'arrière-garde, pour la harceler. Enfin cette marche n'aurait été qu'une
a Le général-major de Puttkammer, chef du régiment d'infanterie no 9, fut fait prisonnier par les ennemis. Voyez plus haut, p. 152.