<197>bataille perpétuelle, dans laquelle l'armée aurait perdu l'artillerie du siége, ses équipages, ses blessés; et peut-être même y aurait-elle rencontré sa perte entière au passage de la Morawa, que l'ennemi pouvait lui rendre funeste. Ces considérations déterminèrent promptement le Roi à se tourner vers la Bohême, parce que l'ennemi n'étant pas préparé de ce côté-là, on pouvait gagner deux marches sur lui, ce qui était un article important pour l'artillerie et le bagage dont l'armée était chargée.

La nuit du 1er au 2 de juillet, le Roi quitta son camp, et partit avec toutes ses troupes partagées en deux colonnes. Le prince Maurice fit l'avant-garde de celle où se trouvait le Roi, qui passa par Konitz, Tribau, Zwittau, et vint à Leutomischl, où elle s'empara d'un dépôt des ennemis; la seconde, sous la conduite du maréchal Keith, en se retirant de ses tranchées n'abandonna que quatre mortiers et un canon, intransportables parce que les affûts en étaient cassés; elle prit le chemin de Littau, Müglitz et Tribau. Toute cette marche jusque-là se passa sans être inquiétée par l'ennemi, à cause que le maréchal Daun, ayant fait toutes ses dispositions pour les chemins de la Haute-Silésie, ne put pas retirer assez promptement ses troupes pour agir en force du côté de la Bohême; néanmoins M. de Lacy, qui campait à Gibau, voulut entreprendre sur l'arrière-garde. Elle était obligée de passer le défilé de Krenau pour marcher à Zwittau; Lacy se saisit de ce village avec ses grenadiers; mais il en fut promptement délogé par M. de Wied, et les troupes continuèrent leur chemin sans être inquiétées.

Le maréchal Keith avait partagé sa colonne en trois corps, dont celui de M. de Retzow, ayant traversé Hohenmauth, et s'approchant des collines de Holitz, trouva ces hauteurs occupées par l'ennemi; il se saisit d'une chapelle qui est sur une hauteur vis-à-vis de celle que l'ennemi tenait; on commença par se canonner réciproquement. M. de Retzow continuait à faire filer son convoi et son escorte en même temps. Le général de Saint-Ignon, qui commandait les ennemis, crut ce moment propre pour attaquer les Prussiens; il fondit avec onze cents chevaux sur le régiment de Bredow cuirassiers, qu'il replia; en même temps arriva un lieutenant avec cinquante hussards, que le Roi avait chargé de