<198>dépêches pour le maréchal Keith; ce brave officier, nommé Kordshagen,a donna avec son peu de monde si à propos sur le flanc de M. de Saint-Ignon, qu'il ramena cette troupe; en même temps, la cavalerie prussienne accourut, et rechassa les Autrichiens avec perte de six officiers et de trois cents hommes. Le maréchal Keith arriva avec sa colonne précisément lorsque l'ennemi était en déroute; il fit prendre à revers l'infanterie ennemie, qui se maintenait encore sur les hauteurs; ce qui précipita sa fuite par des forêts épaisses qui protégeaient sa retraite.
Pendant que le maréchal Keith était occupé avec les ennemis et ses convois, le Roi, ayant pris les devants, était arrivé dès le 11 près de Königingrätz. M. de Buccow couvrait cette ville avec environ sept mille hommes, qu'il avait campés derrière l'Elbe, et dans des retranchements qui entouraient les faubourgs. Dès que les troupes furent arrivées, on plaça quelques bataillons vers Lhota-sur-l'Adler, et l'on y construisit une batterie, pour prendre à revers M. de Buccow dans ses retranchements; en même temps, un autre corps passa l'Adler plus haut : il fut destiné pour attaquer le lendemain, dès la pointe du jour, ce retranchement. On voulait en même temps faire passer l'Elbe à un gros corps de cavalerie, pour couper toute retraite aux Autrichiens; mais les ponts ne purent être achevés que le 13 au matin. M. de Buccow ne donna pas à cet ouvrage le temps d'être achevé : il évacua la nuit même ses retranchements et la ville, et se retira vers Chlumetz. Le même jour, le Roi, étant averti que M. de Retzow était attaqué à Holitz, y marcha avec un corps de cavalerie; mais l'affaire était déjà décidée, et le maréchal Keith conduisit heureusement jusqu'à Königingrätz toute l'artillerie du siége d'Olmütz, quinze cents blessés et malades, outre toutes les munitions de guerre et de bouche qui appartenaient à l'armée du Roi. Dès que toutes les troupes furent rassemblées, elles se campèrent au confluent de l'Adler et de l'Elbe, ayant devant leur front la ville de Königingrätz, occupée par six bataillons.
a Jean-Christophe Kordshagen, lieutenant de hussards, était fils d'un paysan mecklenbourgeois. Il était capitaine au régiment des hussards de Zieten lorsqu'il fut anobli, le 13 mai 1769, et major à l'époque de sa mort arrivée en 1775. J.-J. Engel l'a pris pour héros de son drame Der dankbare Sohn.