<200>lever tous les fourrages et les provisions du cercle de Königingrätz, pour empêcher le maréchal Daun, faute de magasins, d'agir dans cette partie contre la Silésie. Cela lui devint en effet impossible, parce qu'il avait été obligé, au commencement de la campagne, de diriger toutes ses subsistances du côté de Brünn; qu'ensuite l'armée prussienne lui avait enlevé dans sa marche tous les dépôts qu'il avait en Bohême, et qu'enfin on avait consumé les fourrages du cercle de Kônigingratz.

On quitta donc, la nuit du 25, le camp de Königingrätz. Les pandours attaquèrent les faubourgs de la ville dans le temps qu'on voulait l'évacuer; le général Salderna et le colonel Blanckenseea y furent tués; on y perdit soixante-dix hommes. L'armée du Roi se replia par Kralowa-Lhota sur Rohenicz; MM. Loudon, Saint-Ignon et Lacy suivirent l'arrière-garde avec environ quinze mille hommes, et quoiqu'ils essayassent de l'entamer, ils ne purent point y réussir, et furent vigoureusement repoussés par les hussards de Puttkammer. Pour faire passer à l'ennemi l'envie de harceler les arrière-gardes, on prépara le lendemain une embuscade : ce fut au passage de la Mettau; on occupa avec dix bataillons et vingt escadrons un bois qui se trouve sur ce chemin, et qui tire de Jaromircz à la Mettau; après quoi l'armée se mit en marche, et ne présenta à l'ennemi qu'une faible arrière-garde de hussards; M. de Loudon, qui s'échauffait facilement, voulut donner dessus; alors la cavalerie, en sortant de l'embuscade, le prit à dos, à revers, dans tous les sens; il fut fort maltraité et y perdit trois cents hommes; après cette petite action, l'armée du Roi poursuivit paisiblement sa marche, et se campa entre Bohuslawitz et Jessenitz, et l'on détacha M. de Retzow pour couvrir la droite de l'armée à son passage des montagnes. M. de Retzow délogea M. Janus de Studnitz, et le Roi occupa le camp de Skalitz. Dans l'emplacement où l'armée était campée, il se trouvait une hauteur sur la droite, dont il fallait nécessairement être en


a Guillaume de Saldern, général-major d'infanterie en 1756.
     Chrétien-Frédéric de Blanckenbourg (et non pas Blanckensee), né en Poméranie, depuis le 23 mai 1757 colonel et commandeur du régiment d'infanterie du général de Pannwitz, no 10 de la Stammliste de 1806; il était âgé de cinquante-huit ans lorsqu'il fut tué, le 26 août 1758, près de Königingrätz.