<210>assez avantageux, par lequel il pût couper les Prussiens de la Silésie, pour donner à M. de Harsch le temps d'assiéger et de prendre Neisse.
Ce fut enfin le 5 d'octobre que le maréchal abandonna les environs de l'Elbe, et que, passant par Kruste et Neukirch, il se campa, à Kittlitz, sur les hauteurs de Löbau jusqu'au Stromberg. Le prince de Durlach fut posté, avec sa réserve, de Reichenbach et Arnsdorf vers Döbschütz. Sur ce mouvement de l'ennemi, M. de Retzow fut envoyé occuper le Weissenberg. L'armée marcha à Bautzen, d'où M. de Wedell fut détaché, avec six bataillons et quelque cavalerie, pour s'opposer aux Suédois, qui s'étaient avancés jusqu'à Pasewalk. De Bautzen l'armée du Roi s'avança vers l'ennemi, et prit sa position entre Hochkirch et Kotitz, le quartier général à Rodewitz. L'armée se trouvait alors affaiblie par le départ du détachement de M. de Wedell, et par la grosse garnison qu'il fallait tenir dans Bautzen pour couvrir la boulangerie contre les entreprises de l'ennemi. Le projet du Roi était, en prenant le camp de Hochkirch, de cacher aux Autrichiens son véritable dessein, qui était de se joindre à M. de Retzow, posté à côté de notre flanc gauche, et de tomber conjointement sur le prince de Durlach du côté de Dobschütz, ce qui ne pouvait s'exécuter que la nuit du 14 au 15, à cause que l'approvisionnement des vivres pour l'armée ne pouvait pas être arrangé plus tôt. Cependant une partie du convoi nous joignit le 12. Le maréchal Keith, qui en était, fut attaqué en chemin par Loudon; l'ennemi fut repoussé avec perte de quatre-vingts hommes. Un prince de Lichtenstein, lieutenant-colonel au régiment de Löwenstein, fut du nombre des prisonniers. Après cette affaire, Loudon, ayant rassemblé ses troupes dispersées, s'établit avec elles dans un bois qui était à un gros quart de lieue d'Allemagne au delà de notre droite, vis-à-vis du village de Hochkirch; un fond marécageux séparait notre flanc droit de ces hauteurs.
La bataille dont nous allons parler incessamment, nous oblige d'entrer dans un détail plus circonstancié du terrain que les deux armées occupaient. Le village de Hochkirch, où s'appuyait la droite du Roi, est situé sur une éminence; un cimetière d'une maçonnerie épaisse, capable de contenir un bataillon, domine sur