<211>toute la contrée; le village s'étend en long, et formait le flanc naturel de l'armée; il était garni de six bataillons; une batterie de quinze canons était construite à l'angle du front et du flanc; devant la ligne du front coule un ruisseau entre des bords de rochers; au pied de la hauteur de Hochkirch se trouvent un moulin et quelques cabanes, où l'on avait placé un bataillon franc pour défendre le passage, ce qui était d'autant plus sûr, qu'il se trouvait sous la protection de notre canon vers Rodewitz, où se trouvait le quartier général. Une partie du camp passait le ruisseau, à cause des hauteurs qu'il fallait nécessairement occuper, et de la communication avec le corps de M. de Retzow, qu'on assurait, et dont on abrégeait le chemin par cette position. La droite du maréchal Daun, comme nous l'avons dit, s'appuyait sur le Stromberg; son centre était sur des hauteurs inexpugnables; sa gauche tirait vers Jauernick et Sornsig. Il fit préparer en secret des chemins pour quatre colonnes, qui conduisaient au bois dont M. Loudon avait pris possession. Son projet était d'attaquer l'armée prussienne par quatre endroits à la fois, savoir : par le poste de Loudon, par le moulin qu'occupait le bataillon franc, par cette partie vers Kotitz qui se trouvait au delà du ruisseau, et la quatrième attaque devait se faire par le prince de Durlach sur le poste du Weissenberg, où commandait M. de Retzow.

Ce fut la nuit du 13 au 14 d'octobre que le maréchal Daun exécuta son dessein. L'attaque du moulin gardé par le bataillon franc fut la première; les ennemis l'emportèrent sans grande peine. En même temps, Loudon, ayant trouvé le moyen de se glisser avec ses pandours à dos de l'armée, mit le feu au village de Hochkirch, ce qui obligea les bataillons qui le gardaient à l'abandonner. L'ennemi se saisit, dans cette confusion, de la batterie qui était à la pointe du village; en même temps, le brave major Langena se jeta avec un bataillon du margrave Charles dans le cimetière de Hochkirch. L'armée n'eut que le temps de prendre les armes, et non celui d'abattre les tentes. Le Roi entendit tirer le canon, et quoiqu'il ne fût averti de rien, il prit d'abord trois


a Sigismond-Maurice-Guillaume de Langen, depuis le 24 octobre 1756 major dans le régiment d'infanterie du margrave Charles, no 19, mourut à Bautzen, le 21 octobre 1758, des blessures qu'il avait reçues à la bataille de Hochkirch.