<228>ciations où la bienséance aurait au moins exigé qu'ils l'assistassent. Nous parlons de celle qui s'était entamée à Constantinople dans la vue de contracter une alliance avec la Porte. Il est certain que les Anglais y auraient trouvé leur avantage; car la diversion que les Turcs auraient faite aux Autrichiens, influait sur toutes les branches de la guerre de terre ferme; elle aurait donné une supériorité aux Prussiens et aux Anglais sur leurs ennemis, qui aurait promptement acheminé les affaires à la paix. Cependant le sieur de Rexin, ministre du Roi, fut sans cesse traversé dans sa négociation par le sieur Porter, ministre de la Grande-Bretagne. D'ailleurs, le nouvel empereur des Turcs, sans éducation, était ignorant dans les affaires, et d'une timidité extrême, tant par la crainte d'être détrôné que par celle du mauvais succès de ses armes, s'il s'engageait dans une guerre avec la maison d'Autriche. Quelque grandes que fussent les sommes qui passaient à cette cour, quelque voie de corruption qu'on tentât, les affaires n'en furent guère avancées, à cause que les Autrichiens et les Français répandaient de l'argent et faisaient des largesses avec la même profusion, et que les Turcs trouvaient plus leur compte à recevoir des récompenses pour ne rien faire que pour entrer en action.
Les efforts inutiles que le Roi avait faits à la Porte, le persuadèrent de plus en plus que, n'ayant rien à attendre des secours étrangers, il ne devait recourir qu'à ses propres ressources. Son attention se tourna uniquement sur son armée; on leva tout le monde qu'on put; on arma, on remonta, on approvisionna les troupes, afin de s'opposer, la campagne prochaine, avec une armée bien conditionnée et nombreuse, à la multitude d'ennemis que les Prussiens auraient à combattre.