<24>bunal de leur amirauté déclara ces vaisseaux de bonne prise. Le Roi, après avoir fait les représentations convenables à la cour de Londres, mit l'affaire en négociation. Les Anglais ne se relâchèrent point, et tinrent peu de compte de ce qu'on alléguait du droit sur l'illégalité de leurs procédés; enfin, après avoir inutilement épuisé toutes les voies de conciliation, il ne resta d'autre expédient, pour indemniser les sujets prussiens, que de mettre un séquestre sur la somme que le Roi devait aux Anglais, selon qu'il s'y était engagé par la paix de Breslau. C'était le remboursement d'une somme d'un million huit cent mille écus que la maison d'Autriche avait empruntés sur la Silésie pour soutenir la guerre contre la Porte en 1737 et 1738. Le dernier terme qui restait à acquitter, de trois cent mille écus, fut arrêté. Les Anglais en furent irrités; cela donna lieu à des déclarations assez vives de part et d'autre : le ministre d'Autriche qui siégeait à Londres, se donna de grands mouvements pour envenimer cette affaire, et peut-être aurait-elle eu des suites, si une querelle beaucoup plus grave entre la France et l'Angleterre au sujet du Canada n'y eût fait diversion.
Il n'y eut pas jusqu'au duc de Mecklenbourg qui, se reposant sur la protection de la cour impériale dont il jouissait, ne s'émancipât à chicaner le Roi. Il s'agissait des levées prussiennes dans le Mecklenbourg, dont les ancêtres du Roi, autorisés par d'anciens pactes de famille, avaient été en possession de temps immémorial. Le Duc s'y opposa, à l'instigation de la cour de Vienne; le Roi se fit justice à lui-même : on enleva quelques soldats mecklenbourgeois, et l'on arrêta quelques baillis qui s'étaient opposés aux enrôlements. Le Duc fit grand bruit; mais voyant que ses éclats n'aboutissaient à rien, il prit le parti de s'accommoder, et l'affaire fut terminée à l'amiable. Bientôt après, lorsque l'Impératrice-Reine vit la guerre sur le point de s'allumer entre l'Angleterre et la France, elle chercha un prétexte pour rompre avec la Prusse; pour cet effet, elle persuada au duc de Mecklenbourg de porter ses plaintes à la diète de Ratisbonne. La cour de Vienne s'efforçait à faire passer cette affaire pour une violation de la paix de Westphalie; elle voulut se servir de ce prétexte pour déclarer la guerre au Roi, et pour réclamer en même temps l'assistance