<31>mêmes, devaient être justes; ce fut ce qui le détermina d'entrer en négociation avec l'Angleterre. Il fit répondre à mylord Holdernesse qu'il n'était pas éloigné de prendre avec le roi de la Grande-Bretagne des mesures innocentes, défensives, et uniquement relatives à la neutralité de l'Allemagne. Ces deux puissances se trouvant d'accord sur les principes de leurs liaisons, elles parvinrent bientôt à la conclusion du traité, qui fut signé à Londres le 16 janvier 1756. Ce traité contenait quatre articles, dont les trois premiers étaient relatifs aux garanties réciproques que ces deux puissances se donnaient pour la sûreté de leurs propres États; le dernier regardait directement l'Allemagne, et les engagements pour empêcher que des troupes étrangères n'y pussent entrer. Par deux articles secrets on convenait : par l'un, que les Pays-Bas autrichiens seraient exceptés de la garantie de l'Allemagne; et par l'autre, l'Angleterre s'engageait à payer vingt mille livres sterling aux négociants prussiens, qu'ils avaient à prétendre en dédommagement des prises non restituées que les Anglais leur avaient faites pendant la dernière guerre.
Ce traité arriva signé à Berlin environ un mois après que le duc de Nivernois s'y fut rendu : Louis XV envoyait ce seigneur à la cour du Roi, pour renouveler l'alliance de Versailles prête à s'écouler, plus encore pour faire entrer la Prusse dans le projet que la France méditait contre l'électorat de Hanovre. L'argument le plus fort qu'employa le duc de Nivernois pour persuader au Roi cette alliance et cette guerre, ce fut de lui offrir la souveraineté de l'île de Tabago. Il faut savoir qu'après la guerre de 1740 les Français avaient donné cette île au comte de Saxe; et comme les Anglais en parurent très-mécontents, il fut stipulé qu'elle demeurerait déserte, et ne pourrait être cultivée par aucune nation. Cette offre était trop ridicule pour être reçue : le Roi tourna la chose en plaisanterie, et pria le duc de Nivernois de jeter les yeux sur quelqu'un qui fût plus propre à être gouverneur de l'île de Barataria que lui;a il déclina de même le renouvellement d'alliance et la guerre dont il avait été question, et pour en agir avec la plus grande candeur vis-à-vis de la France, pour la convaincre de l'innocence des nouveaux engagements qu'il
a Le Roi fait ici allusion au gouvernement de Sancho Pança.