<5>du Roi; le militaire, cet instrument de la gloire et de la conservation des États, ne fut pas négligé. Le Roi y avait lui-même l'œil et y tint la main, pour que la discipline et la subordination fussent rigoureusement maintenues dans chaque province. Les troupes se rassemblaient régulièrement toutes les années dans des camps de paix, où on les dressait aux grandes évolutions et aux manœuvres de guerre. L'infanterie s'exerçait aux différents déploiements, aux formations, aux attaques de plaine, aux attaques de postes, aux défenses de villages et de retranchements, aux passages de rivières, aux marches couvertes à colonnes renversées, aux retraites, et enfin à toutes les manœuvres qu'il faut faire devant l'ennemi. La cavalerie s'exerçait aux différentes attaques serrées et à intervalles, aux reconnaissances, aux fourrages verts et secs, aux différentes formations, et à prendre des points de vue sur des alignements prescrits. On poussa, dans quelques régiments dont les cantons étaient les plus peuplés, le nombre des surnuméraires par compagnie à trente-six hommes, et les moindres en avaient vingt-quatre; et quoiqu'on ne fît aucune nouvelle levée, le nombre de ces surnuméraires faisait sur le total de l'armée une augmentation de dix mille combattants. Tous les bataillons, tous les régiments de cavalerie avaient à leur tête de vieux commandeurs, officiers éprouvés, pleins de valeur et de mérite. Le corps des capitaines étaient des hommes mûrs, solides, et braves. Les subalternes étaient choisis; on en trouvait beaucoup remplis de capacité, et dignes d'être élevés à des grades supérieurs : en un mot, l'application et l'émulation qu'il y avait dans cette armée, étaient admirables. Il n'en était pas de même des généraux, quoiqu'il y en eût quelques-uns d'un grand mérite; le grand nombre avait, avec beaucoup de valeur, beaucoup d'indolence. On suivait l'ordre du tableau pour l'avancement, de sorte que l'ancienneté du service, et non les talents, décidait de la fortune. Cet abus était ancien; il n'avait porté aucun préjudice dans les guerres précédentes, parce que le Roi, n'agissant qu'avec une armée, n'avait pas besoin de faire beaucoup de détachements, et que les troupes et les généraux autrichiens auxquels il eut affaire, n'étaient que médiocres, et avaient entièrement négligé la tactique. Le Roi fit une bonne acquisition en attirant de Russie le