<73>et avec le général prince Piccolomini. Et comme il était intentionné de se rendre d'abord après la conférence auprès de l'Impératrice-Reine, pour lui en faire son rapport, il fit répondre à M. de Klinggräff qu'il était à la vérité obligé d'aller à Schönbrunn, mais qu'il lui ferait cependant plaisir s'il voulait se hâter de venir dans l'instant même; ce que le ministre prussien n'a pas manqué de faire. M. le comte de Kaunitz m'a dit confidemment, dans un entretien que j'eus hier matin avec lui, que M. de Klinggräff, d'abord en entrant chez lui, avait donné à connaître, avec un certain embarras mêlé d'inquiétude, qu'il venait de recevoir un exprès de sa cour, qui lui avait apporté des ordres dont il devait exposer en personne le contenu à l'Impératrice-Reine; et que pour cet effet il lui était enjoint de demander une audience particulière de Sa Majesté, qu'il le priait de vouloir bien lui procurer. Que lui comte de Kaunitz avait répondu qu'étant sur le point de se rendre à Schönbrunn, il se chargeait volontiers de demander pour lui l'audience qu'il désirait; mais qu'il ne pouvait se dispenser de lui faire entendre qu'il était à propos de le mettre en état de pouvoir, du moins en général, prévenir l'Impératrice sur la nature des insinuations qu'il avait ordre de faire à Sa Majesté. Que là-dessus M. de Klinggräff lui avait dit qu'il était chargé de demander amicalement et par voie d'éclaircissement, au nom du roi son maître, à quoi aboutissaient les armements et préparatifs guerriers qu'on faisait ici, et si peut-être ils le regardaient; ce qu'il ne saurait cependant s'imaginer, ne sachant point y avoir donné occasion en la moindre chose. Que lui Kaunitz avait répliqué qu'il ne pouvait lui répondre d'avance sur cette ouverture; qu'il ne manquerait pas d'en faire incessamment son rapport à l'Impératrice, et de lui procurer l'audience qu'il désirait; que cependant il ne pouvait s'empêcher de lui dire qu'il était surpris de l'explication que le roi son maître demandait au sujet des mesures qu'on prenait dans ce pays, après que, de ce côté-ci, on n'avait témoigné à ce prince aucune inquiétude ni ombrage des grands mouvements et préparatifs qu'on avait remarqués le premier dans son armée. Ce ministre m'a ajouté : qu'étant allé immédiatement après à Schönbrunn, il avait chemin faisant réfléchi sur la réponse qu'il conseillerait à sa souveraine de donner à M. de