<76>doit être bien sûre de l'amitié et de l'attachement de la Russie; ce qui m'a paru se confirmer encore par une lettre que le ministre hollandais à Pétersbourg, M. Swart, a écrite du 6 du courant à M. de Burmannia, où il mande entre autres que l'émissaire français, le chevalier Douglas, gagnait de jour en jour plus de terrain.

Comme cela ne pourra manquer de produire en Russie une altération dans son ancien système, il ne paraît pas surprenant que le grand chancelier comte de Bestusheff, suivant ce que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire par sa dernière dépêche, a pris la résolution de se retirer à la campagne, sous prétexte de rétablir sa santé, et de s'éloigner pour quelque temps des affaires, voulant apparemment attendre quel pli elles prendront, et prévoyant peut-être que ce moment ne tardera plus d'arriver, puisque tout semble dépendre de la résolution du roi de Prusse, étant certain que, s'il se tient en repos, la cour de Vienne ne commencera non plus rien, du moins cette année; mais elle tâchera d'achever pendant cet intervalle ses préparatifs, pour se trouver l'année prochaine en situation de pouvoir prendre un parti convenable selon les circonstances et événements du temps.

Ce qui me confirme de plus en plus dans l'opinion que j'ai osé prendre la liberté de communiquer à Votre Excellence par mes précédentes, que notre cour n'a pas de moyen plus sûr de profiter des conjonctures présentes, qui n'ont peut-être jamais été si favorables sous le règne de notre auguste maître, qu'en se mettant en bonne posture pour se faire rechercher, c'est qu'un de mes amis, qui prétend en être informé par un des commis du trésor, m'assure que la cour d'ici avait fait passer un million de florins en Russie.

M. le comte de Kaunitz m'a dit que les avis que Votre Excellence lui avait fait parvenir sur les bruits qu'avait répandus le roi de Prusse sur des alliances à faire entre lui et nous, de même qu'avec la Russie, et de plus que la cour d'ici se mêlait d'une médiation entre la France et l'Angleterre, lui étaient déjà parvenus d'ailleurs, et méritaient par conséquent d'autant plus d'attention et d'être contredits, comme on en donnerait l'ordre aux ministres de l'Impératrice-Reine dans les cours de l'Europe. Ce chancelier d'État m'a dit encore qu'il y avait des avis comme quoi le roi de