<93>tentèrent de jeter un pont à Wehlstädtl; vis-à-vis de ce lieu se trouvait une redoute prussienne qui coula à fond quelques-uns de leurs bateaux, ce qui dérangea leurs mesures. Ils changèrent de dessein, et firent transporter leurs pontons à Halbstadt, qu'ils regardaient comme le lieu le plus propre et le plus convenable pour leur sortie, surtout à cause des secours que M. de Browne venait de leur promettre de nouveau.

Toutes les opérations que les armées firent alors dans ces contrées, se trouvaient si intimement liées avec le local du terrain, que nous sommes obligé pour l'intelligence du lecteur de lui en donner l'idée la plus nette que nous pourrons. Par la description que nous avons faite du poste de Pirna, on a pu juger de la force de son assiette : mais s'il était difficile de l'emporter, il n'était pas moins difficile d'en sortir. La plus naturelle, la plus aisée de ses issues est par Leupoldishayn; en descendant de leurs rochers, les Saxons prenaient, par Hermsdorf et Hellendorf, le chemin de la Bohême : ce n'est pas à dire qu'ils auraient forcé ce passage sans perte; il y avait toutefois apparence qu'ils auraient sauvé une partie de leur monde. Teplitz une fois gagné, ils ne rencontraient plus que de légers obstacles, et personne ne pouvait les empêcher de se joindre par Éger aux Autrichiens. Il y a toute apparence que les généraux saxons ne connaissaient pas les situations de Halbstadt, de Burkersdorf, de Schandau, du Ziegenrück, et surtout qu'ils ignoraient la disposition dans laquelle les Prussiens occupaient ces postes; sans quoi ils ne se seraient jamais exposés dans une aussi mauvaise affaire.

M. de Lestwitza était posté avantageusement avec onze bataillons et quinze escadrons entre Schandau et un village nommé Wendisch-Fähre; M. de Browne, qui était entré en Saxe à la tête de son détachement, vint se camper vis-à-vis de lui. Les Autrichiens occupèrent les villages de Mitteldorf et d'Altendorf; mais trouvant M. de Lestwitz plus en force qu'ils ne l'avaient prévu, ils eurent bien garde de l'attaquer. M. de Browne ne pouvait pas se porter sur Burkersdorf, dont une chaîne de rochers impraticables le séparait; il ne trouvait pas son compte à s'engager avec M. de Lestwitz; et cependant, pour prêter la main


a Jean-George de Lestwitz, lieutenant-général d'infanterie.