<94>aux Saxons du côté d'Altstadt, il était obligé de faire défiler son monde deux à deux par des chemins étroits, vis-à-vis des Prussiens et sous le feu de leurs petites armes. De tous ces différents partis il n'y en avait aucun qu'un homme expérimenté, comme l'était M. de Browne, pût prendre sans risquer sa réputation; il aima donc mieux se tenir dans l'inaction, que de mener inutilement ses troupes à la boucherie.

Du côté d'Altstadt, où les Saxons avaient résolu de passer l'Elbe, il y a à la rive droite de ce fleuve une petite plaine dominée par le Lilienstein, rocher escarpé qui en borne une partie; aux deux côtés de ce rocher se présentaient cinq bataillons prussiens, aux ordres de M. de Retzow, derrière des abatis qui, en forme de croissant, allaient s'appuyer des deux côtés au coude que l'Elbe forme en cet endroit; cinq cents pas derrière ce poste, six bataillons et cinq escadrons occupaient le défilé de Burkersdorf; derrière ce défilé se trouve une chaîne de rochers âpres et escarpés, nommée le Ziegenrück, qui embrassant tout ce terrain, aboutit des deux côtés à l'Elbe. Pour percer de ce côté-là, les Saxons avaient donc trois postes à forcer consécutivement, les uns plus redoutables que les autres; ce fut néanmoins pour tenter leur évasion de ce côté qu'ils commencèrent dès le 11 d'octobre à établir leurs ponts. Les Prussiens eurent bien garde de ne les point traverser dans cet ouvrage. Leur descente de Thürmsdorf vers l'Elbe se trouva assez praticable; mais lorsque leurs ponts furent achevés, et que de l'autre bord ils voulurent monter le rocher pour gagner la plaine d'Altstadt, ils ne trouvèrent qu'un sentier étroit, dont les pêcheurs se servaient. Une demi-journée s'écoula à y faire passer deux bataillons; les pluies abondantes qui tombèrent, achevèrent d'abîmer ce chemin; ils furent obligés de laisser leurs canons, qu'il était impossible de transporter à l'autre rive : ainsi toute leur artillerie resta sur les retranchements qu'ils venaient d'abandonner. La lenteur de leur passage fut cause que la cavalerie, l'infanterie, le bagage, l'arrière-garde de tout ce corps pêle-mêle et en désordre demeurèrent aux environs de Struppen.

Le 13, avant le jour, le prince Maurice d'Anhalt fut le premier averti de l'évasion des Saxons; l'armée prit sur-le-champ