<97>de faim et de misère, il fut obligé de consentir qu'elles se rendissent prisonnières de guerre, et qu'elles missent bas les armes. Le comte Rutowski fut chargé de dresser cette triste capitulation : tout ce corps se rendit ainsi, et les officiers s'engagèrent sur leur honneur de ne plus servir contre les Prussiens durant cette guerre; sur quoi, comptant sur leur parole, on les relâcha. Pour ne point humilier un ennemi vaincu, le Roi fit rendre au roi de Pologne les drapeaux, les étendards et les timbales qui appartenaient à ses troupes; il consentit aussi d'accorder la neutralité à la forteresse de Königstein. Lors même qu'il tâchait d'adoucir le sort du roi de Pologne, Auguste IIa concluait en secret un traité avec l'Impératrice-Reine, par lequel il lui cédait, moyennant un certain subside, quatre régiments de dragons et deux pulks d'uhlans, qu'il entretenait en Pologne : ces procédés ne servaient qu'à justifier la conduite que les Prussiens avaient tenue jusqu'alors. Le roi de Pologne, dégoûté de la guerre plus que jamais, après la scène qui venait de se passer, demanda le libre passage pour sa personne, afin d'aller s'établir en Pologne; non seulement on le lui accorda, mais on poussa l'attention jusqu'à faire retirer toutes les troupes prussiennes qui se trouvaient sur son passage, pour lui dérober des objets qui ne pouvaient que lui faire de la peine; il partit le 18 avec ses deux fils et son ministre pour Varsovie.
L'armée saxonne qui venait de se rendre, consistait en dix-sept mille têtes; l'artillerie qu'on prit, passait quatre-vingts pièces de canon. Le Roi distribua ces troupes, et en forma vingt nouveaux bataillons d'infanterie; mais il commit la faute de n'y point mêler de ses sujets, à l'exception des officiers, qui étaient tous de ses États : cette faute influa dans la suite sur le peu d'usage qu'on tira de ces régiments, et sur les mauvais services qu'ils rendirent.
Après la reddition des Saxons, le Roi retourna en Bohême, pour en retirer son armée. Le maréchal Keith quitta le 25 le camp de Lowositz,b et se replia sur Linay, sans que l'ennemi le
a Auguste III.
b Les équipages de l'armée du feld-maréchal Keith quittèrent le camp de Lowositz le 21 octobre; la cavalerie suivit le 22; et le 23, le reste de l'armée arriva au camp du Roi à Linay.