<XVI>dix mille hommes pour le remplir; il est défectueux si vous n'en avez que trente mille, et l'ennemi soixante mille, parce qu'il vous étend trop; il vous affaiblit par conséquent, et l'ennemi, s'il veut, pourra percer d'un côté ou de l'autre à l'endroit que vous aurez le moins garni. Un camp est comme un vêtement : il ne doit être ni trop large ni trop étroit pour celui qui le porte. Cependant, s'il faut choisir, il vaut mieux avoir du monde de reste qu'on ne peut placer, que d'en avoir trop peu. Il est d'autres camps qui couvrent une partie du terrain, mais qui deviennent vicieux si l'ennemi, par ses mouvements, change de direction : par exemple, le camp de Landeshut, tout admirable qu'il est pour couvrir la Basse-Silésie, devient mauvais et d'aucune défense aussitôt que les Impériaux tiennent Glatz et Wartha, parce qu'ils le tournent tout à fait. Dans des cas semblables, le jugement doit dicter le parti qu'on doit prendre; il doit empêcher surtout qu'une imitation ne devienne servile, car, cela étant, on peut compter qu'elle est mauvaise; pourquoi? parce que deux hommes ne se trouvent jamais dans une situation tout à fait semblable. Il y aura quelque chose de comparable dans leur cas; examinez-le bien, vous trouverez des variétés infinies dans le détail, parce que la nature, féconde en tout sens, ne fait ni les mêmes physionomies, ni ne répète pas les mêmes événements. Ce serait donc mal raison-