RÉPONSE DU ROI DE PRUSSE.

Lommatzsch, le 5 septembre 1756.

Le comte de Salmour m'a remis la lettre que Votre Majesté a eu la bonté de m'envoyer. Quelque vif que soit le désir et le penchant que j'ai de complaire à Votre Majesté, je me vois cependant dans l'impossibilité de retirer mes troupes de ses États, vu cent raisons de guerre qui m'en empêchent, quoiqu'il fût trop long de les rapporter. Une des principales est la sûreté des convois. Je voudrais que le chemin de la Bohême passât par la <240>Thuringe, je n'aurais pas eu besoin d'être à charge aux États de Votre Majesté; mais comme certaines raisons de guerre m'obligent à me servir de l'Elbe, je ne saurais sans miracle choisir d'autres moyens que ceux dont je me sers actuellement. J'emploie toute la célérité possible; cependant il est impossible à mes troupes d'avoir des ailes.

Au reste, je suis très-en état de prouver à Votre Majesté ce que j'ai mandé touchant les mauvaises intentions de son ministre, et touchant la conduite qu'il tient et qui est très-opposée à la paix de Dresde; et je le ferais dès à présent, si je n'étais empêché par certaines règles que la prudence m'oblige encore à observer. En attendant, je n'oublierai jamais ce que je dois à des têtes couronnées et à un prince voisin dont l'unique malheur est d'avoir été séduit, et pour lequel, fût-il même mon plus grand ennemi, ainsi que pour toute sa famille royale, je conserverai toujours l'estime la plus distinguée et la plus parfaite, etc.