<103>dépourvu, ne l'attendit pas, et se retira par la ville de Fulde sur Hanau et Francfort.

Quelque peu favorable que parût la saison pour entreprendre des siéges, il était si important de retirer Cassel des mains des Français, que le prince Ferdinand résolut d'en tenter l'entreprise. Il chargea le comte de la Lippea de cette opération. La place était défendue par une garnison de six mille Français. Le comte de la Lippe en fit l'investissement avec quinze mille Hanovriens. Pour profiter de l'occasion qui se présentait, et de l'éloignement de l'armée française, le prince Ferdinand fit assiéger trois places à la fois, savoir, Cassel, Ziegenhayn et Marbourg. L'inexpérience des généraux et des ingénieurs, le retard des munitions, les chemins mauvais et rompus, qui abîmaient les chariots, les lui firent manquer toutes trois.

Durant tous ces siéges, le Prince héréditaire avait été poussé en avant pour observer les mouvements des Français vers Francfort et sur le Main. Le prince son oncle était un peu trop en arrière avec la grande armée pour pouvoir lui porter de prompts secours. M. de Broglie fondit sur ce détachement avec toute l'armée française. Le Prince héréditaire perdit trois mille hommes à cette action,b et rejoignit avec les débris de son corps le prince Ferdinand. M. de Broglie continua de s'avancer en Hesse. Un détachement des alliés, qui assiégeait Ziegenhayn, se retira trop tard et sans disposition, en présence de l'ennemi, et il fut totalement battu et défait. Pour éviter de plus grands malheurs, le prince Ferdinand crut que la prudence demandait qu'il évacuât la Hesse. Il dirigea sa retraite avec tant de précaution, qu'il rentra dans le pays de Hanovre sans avoir fait la moindre perte. M. de Broglie ne se hasarda pas à le suivre : il se contenta de ravitailler la ville de Cassel, et de renforcer sa garnison, de même que celles de Giessen, de Marbourg et de Ziegenhayn; après quoi il se replia derrière le Main. Les troupes dont le Roi s'était servi


a Le comte Guillaume de Schaumbourg-Lippe commanda toute l'artillerie de l'armée alliée depuis 1759 jusqu'en 1762, qu'il fut appelé en Portugal pour réorganiser l'armée. Voyez ci-dessus, p. 9.

b L'avantage remporté par le maréchal de Broglie sur le prince héréditaire de Brunswic, le 21 mars 1761, est nommé par les uns combat de Stangerode, par les autres combat d'Alzenhayn, et par d'autres enfin action de Grünberg.