<105>présente, et souvent sont entraînés, par la suite d'une fausse mesure, dans un enchaînement de conséquences qu'ils n'ont pu prévoir. C'était à peu près le cas où se trouvait le ministère de Versailles. Au commencement de cette année, il donna par écrit à ses alliés une déclaration qui portait que la France, ayant fait depuis quatre ans, conjointement avec ses alliés, des efforts inutiles pour écraser le roi de Prusse, et n'ayant pu y réussir, ne se trouvait plus en état de continuer les dépenses énormes auxquelles elle avait fourni jusqu'alors; qu'en continuant la guerre on achèverait de ruiner et de dévaster l'Allemagne, qui en était le théâtre; qu'ainsi il concluait par conseiller aux autres puissances de renoncer pour cette fois à tout dessein de conquêtes et d'agrandissement, pour penser sérieusement à rétablir la paix. La même déclaration se fit, en termes plus forts encore, à Stockholm. La raison en était que, dans la diète des états assemblés dans cette capitale, le parti de la cour avait vivement attaqué la faction française, en la taxant d'avoir allumé cette guerre, de la fomenter, et d'y avoir entraîné la Suède pour sa ruine. Ainsi les sentiments pacifiques qu'étalait la déclaration française, n'avaient été faits que pour calmer les esprits agités, pour détruire les arguments dont le parti contraire s'était servi, et pour maintenir les créatures que la France soudoyait dans le sénat.
Les deux Impératrices et le roi de Pologne reçurent cette déclaration avec les sentiments différents que leur inspiraient leurs divers intérêts. Le roi de Pologne, pour son personnel, était las de la guerre; il commençait à s'apercevoir que son pays y servait de théâtre, et serait également ruiné par ceux qu'il appelait ses amis et par ses ennemis; il se flattait néanmoins encore d'obtenir quelque dédommagement par la voie de la négociation. L'impératrice de Russie aimait la paix et aurait désiré la fin des troubles, parce quelle haïssait les affaires, le travail, et l'effusion du sang; mais facile à prendre des impressions de ceux qui avaient de l'ascendant sur son esprit, et excitée par ses entours, on lui avait persuadé que sa dignité l'engageait de ne faire la paix qu'après l'abaissement de la puissance prussienne. Pour l'Impératrice-Reine, qui jouissait des efforts que faisait toute l'Europe pour abattre l'ennemi capital de sa maison, elle aurait désiré de pro-