<107>réponse, parce que le Roi se proposait de faire négocier sérieusement sa paix par ses ministres à Londres, où il trouvait l'avantage de pouvoir convenir directement de ses intérêts avec la France, et de n'avoir point affaire en même temps avec tant de princes à la fois. Le Roi ne pouvait point, dans les circonstances où il se trouvait, s'opposer à une paix séparée des Anglais et des Français; il ne s'agissait dans cette affaire que de rendre ses conditions les meilleures qu'on le pouvait, et en conséquence on stipula que les Français seraient obligés de restituer les provinces de la domination prussienne qu'ils avaient envahies pendant cette guerre, et que l'Angleterre fournirait au Roi des subsides et des troupes, pour qu'il pût forcer les ennemis qui lui restaient à consentir à un accommodement honnête; on convint de plus qu'aucun ambassadeur de l'Empereur ne pourrait être admis à ce congrès, parce qu'on avait fait la guerre à l'Impératrice-Reine, et non pas au chef de l'Empire. Cette clause, toute légère qu'elle était en effet, fut cause que ce fameux congrès ne s'assembla jamais.
Dans ce temps, l'Angleterre perdit le roi George II; il termina son règne glorieux par une mort douce et prompte. Il eut, avant sa fin, la satisfaction d'apprendre la prise de Montréal, par où les Anglais achevèrent la conquête du Canada. Ce prince, entre autres bonnes qualités, avait une fermeté héroïque, qui faisait que ses alliés pouvaient prendre une confiance entière en sa personne. Son petit-fils lui succéda; il était à peine majeur; c'est celui qui règne à présent sous le nom de George III.
La négociation qui se continuait à Constantinople de la part de la Prusse, et dont il a été tant fait mention dans cet ouvrage, commençait alors à prendre une espèce de consistance. Le 2 d'avril, le ministre prussien signa un traité d'amitiéb avec le grand vizir, et il fut admis à son audience publique. On s'était réservé des deux parts la faculté de resserrer cette union, et de
b Le traité qui fut conclu avec la Porte ottomane, et que Godefroi-Fabien de Rexin, envoyé de Prusse à Constantinople, signa le 22 mars 1761 (2 avril, nouveau style), fut ratifié par le Roi le 1er juin. Il se trouve, sous sa forme authentique, dans le Recueil des déductions, etc. du comte de Hertzberg, 2e édition. A Berlin, 1790, t. I, p. 486—493; il est omis dans la première édition de cet ouvrage.