<112>et la troisième, sur Posen. M. de Zieten s'avança à Fraustadt, où il battit un corps de Cosaques; mais il n'osa passer outre, à cause que, depuis deux jours, les trois divisions russes s'étaient déjà jointes à Posen. M. de Buturlin se mit ensuite en marche; il traversa le palatinat de Posnanie à petites journées, et poursuivit lentement son chemin, en s'approchant toutefois de la Silésie du côté de Militsch, ce qui indiquait ses desseins sur Breslau. M. de Zieten le côtoya, en dirigeant sa marche sur Trachenberg. Dès que les Russes se mirent en mouvement, M. O'Donnell quitta la Lusace, et vint joindre l'armée de M. de Loudon.

La position que le Roi avait prise dans les montagnes de la Silésie, n'était que précaire. Il couvrait le plat pays contre les incursions de l'ennemi, autant que les circonstances voulaient le permettre; mais depuis que M. de Buturlin prenait le chemin de Militsch, il allait avoir incessamment à dos une armée considérable, et il avait déjà les Autrichiens en front. Il fallut quitter les montagnes, et placer l'armée de façon que n'étant attachée à aucune défense particulière, elle pût se porter promptement où il serait nécessaire, pour prévenir les ennemis. Le camp de Pülzen était le plus convenable à ce projet; le Roi le fit occuper par l'armée, et il se proposa de tenir, autant qu'il le pourrait, la ligne du milieu entre l'armée des Autrichiens et celle des Russes, pour s'opposer à leur jonction; il prit aussi la résolution de se battre contre les Autrichiens, s'il s'en présentait une occasion favorable, mais d'observer une défensive scrupuleuse envers les Russes, parce que, s'il remportait une victoire contre les Autrichiens, les Russes s'enfuiraient d'eux-mêmes, et que, s'il avait le même avantage contre les Russes, cela n'empêcherait pas M. de Loudon de continuer les opérations de sa campagne. Les Autrichiens sont les ennemis naturels et irréconciliables des Prussiens, au lieu que des conjonctures avaient rendu les Russes tels, et que quelque changement ou quelque révolution pouvait les rendre amis, ou alliés même; et ajoutons à ces considérations, pour être de bonne foi, que l'armée prussienne ne se trouvait pas en état de se battre tous les jours, et que le Roi était obligé de ménager les efforts de ses troupes pour les moments les plus importants et les plus décisifs.