<114>Loudon, dérouté dans ses projets, se campa à Ober-Pomsdorf. Soit inquiétude naturelle, soit habitude de commander des détachements, il changea six fois de position en huit jours, sans qu'il fût possible d'en donner une raison valable.

Les Russes avançaient cependant sur Wartenberg, d'où ils s'étendirent bientôt jusqu'à Namslau. M. de Zieten, qui les observait, s'approcha d'abord de Breslau, et ensuite il vint pour couvrir Brieg. Peu après son départ de Breslau, le faubourg polonais de cette ville fut insulté par les Russes, ce qui obligea le Roi à y détacher M. de Knobloch avec dix bataillons et autant d'escadrons. Pour l'armée autrichienne, elle continuait d'être dans une perpétuelle agitation; après avoir passé et repassé la Neisse, elle se campa au village de Baumgarten, proche de Wartha. Le Roi saisit ce moment, passa la Neisse, et prit sa position à Oppersdorf, d'où il partit avec un détachement pour Neustadt M. Bethlen y campait avec six mille Autrichiens, et l'on soupçonnait que M. Loudon voulait se servir de lui pour l'envoyer du côté d'Oppeln, afin de prêter la main au maréchal Buturlin, qui, à ce qu'on croyait, voulait y passer l'Oder, pour se joindre à l'armée autrichienne. L'avant-garde du Roi, consistant en hussards, donna sur un régiment des ennemis, qu'elle replia et poursuivit jusque sous les canons de Hennersdorf, où les Autrichiens avaient construit des redoutes. M. de Zieten, qui avait passé l'Oder à Brieg, et la Neisse à Schurgast, arriva alors de Steinau, et tourna le flanc droit de M. de Bethlen, qui, se retirant en hâte à Jagerndorf, fut poursuivi par M. de Lossow, qui le poussa de Jagerndorf, par Troppau, au delà de la Mora en Moravie. L'ennemi perdit au choc de Neustadt et dans sa retraite quatre à cinq cents hommes. Après avoir ainsi éloigné M. Bethlen, M. de Zieten s'établit à Schnellwalde, et le Roi retourna à son armée, dont la gauche touchait presque au détachement de M. de Zieten, et dont la droite s'étendait sur les hauteurs devant Oppersdorf.

Après cette expédition, la jonction des ennemis étant rendue plus difficile en Haute-Silésie, il n'y avait guère d'apparence que M. Bu-turlin persévérât dans le dessein de passer l'Oder à Oppeln. Les mouvements de l'armée du Roi mirent celle des Autrichiens dans une nouvelle agitation. M. Loudon se campa à Weidenau,