<120>du Pitschenberg, par où l'armée devait nécessairement passer. Il l'occupa dès le soir, et le lendemain, l'armée entière déboucha aux environs de Jauernick et de Bunzelwitz. Mais le but qu'on s'était proposé, se trouva manqué. M. Loudon avait prévenu le Roi, et dès la veille, une vingtaine de bataillons de son armée s'était campée à Kunzendorf. Les hauteurs de Kunzendorf font un poste où les troupes qui s'y trouvent, sont inexpugnables. Il n'y avait point de coup de main à tenter, surtout parce qu'on découvrait l'armée autrichienne en pleine marche pour se rendre dans ce camp et le remplir dans toute son étendue.

L'armée du Roi, ne pouvant agir offensivement, se déploya de la montagne de Würben au village de Tschechen, où aboutissait la droite, dont une partie était couverte par le Nonnenbusch. Rien désormais n'apportait des obstacles à la jonction des Russes et des Autrichiens. L'on prévoyait que dans peu ces deux armées se rassembleraient aux environs de Schweidnitz. Dans ces conjonctures, le Roi avait à pourv oir à la sûreté de son camp et à la sûreté de la forteresse de Schweidnitz. Il pouvait prendre une position à Pülzen, où la nature a semblé faire tous les frais de ce qui peut fortifier un camp. Mais si l'armée s'y trouvait en sûreté, on risquait, d'une autre part, que MM. de Loudon et de Buturlin n'assiégeassent Schweidnitz à la vue du Roi et de toute l'armée, sans qu'il pût l'empêcher. Ce fut par cette raison que l'on préféra la position de Bunzelwitz, parce qu'elle couvrait la place et en rendait le siége impraticable.

Il restait toutefois à craindre que l'armée des deux Impératrices ne fît un détachement sur Breslau; ce qui, contraignant le Roi de quitter le voisinage de Schweidnitz, aurait donné à ses ennemis l'aisance et les moyens d'y mettre le siége. Mais il était impossible de s'opposer à toutes les entreprises que des ennemis aussi supérieurs pouvaient tenter, et il fallait abandonner quelque chose au hasard. Toutefois, pour assurer la position de l'armée prussienne, le Roi fit retrancher son camp, tant sur le front que par les flancs et sur les derrières. Ce camp devint une espèce de place de guerre, dont la montagne de Würben représentait comme la citadelle. De cette hauteur jusqu'au village de Bunzelwitz, le camp était couvert par un marais. On fortifia les têtes des villages