<125>donner à une armée sur une autre. Ce fut avec ces dispositions que les Prussiens attendirent tranquillement les entreprises de leurs ennemis.

On prit, peu après l'arrivée de M. de Buturlin, un officier russe qui s'était égaré la nuit, et qui, croyant approcher des gardes de son camp, se trouva au milieu de celles des Prussiens. Cet homme, qui n'était pas fin, dit ingénument que les généraux avaient résolu d'attaquer les retranchements du Roi le 1er de septembre. Il était vrai que MM. Buturlin et Loudon étaient convenus de cette attaque, et elle aurait eu lieu, sans les circonstances suivantes. M. de Buturlin, qui faisait à table de longues séances où le vin n'était pas épargné, avait consenti, dans un moment de gaieté et le verre à la main, à ce que M. Loudon lui avait proposé. Les dispositions des trois attaques étaient écrites; on les avait envoyées aux principaux officiers des armées qui avaient des commandements, et M. Loudon retourna, satisfait des Russes, chez lui. M. Buturlin dormit, et ayant consulté sa prudence à son réveil, il contremanda les ordres qui avaient été donnés, parce qu'il craignit, avec quelque raison, que les Autrichiens ne sacrifiassent son armée et ne le soutinssent pas, et que si l'entreprise ne réussissait point, les Russes n'en eussent le blâme et la honte; et au lieu des grands projets dont il s'était occupé le midi, il se rabattit à faire jeter quelques bombes au camp prussien, qui ne purent l'atteindre de quelques centaines de pas. Lorsque M. Loudon apprit ce changement subit, il en fut furieux; des courriers partirent pour Vienne, les généraux se témoignèrent quelque froideur, et cependant les choses en restèrent là, si l'on en excepte que M. de Loudon fit approcher de Wartha le corps de M. de Draskovics, qu'il plaça sur les hauteurs de Ludwigsdorf. Les armées passèrent le reste du temps à s'entre-regarder, jusqu'au 10 de septembre, que M. Buturlin décampa et prit le chemin de Jauer, parce que les Autrichiens n'avaient pas des magasins assez considérables ni des troupeaux assez nombreux pour lui fournir le pain et la viande. M. Loudon, qui se croyait exposé s'il restait dans la plaine après le départ des Russes, se replia dans les montagnes, et reprit son ancienne position de Kunzendorf.

Le Roi détacha, le même jour, M. de Platen pour Breslau,