<126>avec le corps qu'il avait toujours commandé, sous prétexte d'amener un convoi à l'armée. Le véritable but de sa destination était de passer l'Oder, et de forcer de marches pour ruiner le grand magasin que les Russes avaient dans une petite ville du palatinat de Posnanie, nommée Kobylin, pour se rendre de là auprès du prince de Würtemberg, puisqu'on prévoyait qu'il aurait besoin de secours; et enfin, après que la campagne de Poméranie serait terminée, il devait joindre le prince Henri en Saxe. M. de Platen détruisit l'amas de Kobylin;a il y prit cinq mille chariots, cinq bataillons, quarante-deux officiers, et sept canons. Il s'avança de là sur Posen, où il ruina tout ce qui appartenait aux Russes; après quoi il poursuivit sa marche vers la Poméranie et vers Colberg. Cette expédition hâta la retraite de M. Buturlin, et lui fit perdre les idées qu'il pouvait avoir formées d'incursions dans la Marche électorale. Il se pressa de repasser l'Oder, pour regagner la Pologne. Le corps de M. Czernichew ne fut point de cette marche; il montait à peu près à vingt mille hommes, et il était demeuré auprès de M. Loudon, comme une marque singulière d'amitié que l'impératrice de Russie voulait donner à l'Impératrice-Reine.

Si les subsistances avaient permis à l'armée du Roi de se soutenir dans le camp de Bunzelwitz, la campagne se serait écoulée en Silésie sans que les formidables apprêts des ennemis eussent produit d'événements remarquables. Mais le magasin de Schweidnitz, qui avait fourni des vivres à l'armée pendant une grande partie de cette campagne, tirait à sa fin. Les provisions qui y restaient, n'étaient que pour un mois. Depuis le départ de M. de Platen, le Roi n'osait pas affaiblir l'armée par de nouveaux détachements. Les grands dépôts se trouvaient à Breslau, et il ne fallait pas moins de dix mille hommes d'escorte pour conduire de là en sûreté des convois au camp. Ces raisons, mûrement examinées, firent résoudre à s'approcher avec l'armée de Neisse, où l'on trouverait des provisions et des fourrages en abondance, et d'où l'on pouvait donner des jalousies à l'ennemi, tant sur le comté


a Le lieutenant-général de Platen détruisit à Kobylin, le 13 septembre, un magasin russe peu considérable; le 15, il s'empara auprès du couvent de Gostyn d'un magasin de cinq mille chariots.