<127>de Glatz que sur la Moravie, afin d'attirer M. Loudon de ce côté, et d'éloigner par là les Russes et les Autrichiens de Schweidnitz. En conséquence de cet arrangement, l'armée prit premièrement le camp de Pülzen, où elle resta quelques jours. Le Roi laissa dans Schweidnitz cinq bataillons complets, les convalescents de l'armée, et cent dragons. Il recommanda à M. de Zastrow, qui commandait dans la place, d'user de précaution et de vigilance, pour prévenir toutes les entreprises que l'ennemi pourrait former dans l'absence de l'armée prussienne. Le Roi prit le 28 le camp de Siegroth, et le 29, celui de Nossen, près de Münsterberg, où il s'arrêta pour juger par la manœuvre des ennemis quel parti ils prendraient. M. Loudon détacha aussitôt pour renforcer les postes de Silberberg et de Wartha; mais son armée, où se trouvait M. de Czernichew, était si nombreuse, que vingt ou trente mille hommes de moins ne l'empêchaient pas d'agir comme il le voulait.

Le 1er d'octobre, le Roi apprit à Nossen que, par un coup de main, les Autrichiens s'étaient rendus maîtres de Schweidnitz. Quelque incroyable que parût cette nouvelle, elle se trouva néanmoins véritable. Cette entreprise avait été concertée et conduite de la manière suivante. On gardait environ cinq cents prisonniers dans cette place, entre lesquels un major Roca,a Italien et partisan, était un des plus considérables. Ce major s'était proposé de faire tomber entre les mains des Autrichiens la place où il était détenu. Dans cette vue, il avait eu assez de souplesse et d'adresse pour s'insinuer si bien dans l'esprit du commandant, que celui-ci lui accordait plus de liberté qu'un prisonnier ne doit en avoir, surtout lorsque la ville où on le retient, se trouve environnée d'ennemis. Roca se promenait dans les ouvrages; il savait la place de toutes les gardes et de tous les détachements; il observait les diverses négligences qui se faisaient dans le service de la garnison; il vivait non seulement ouvertement avec tout le monde, mais voyait de plus assez souvent les soldats autrichiens prisonniers comme lui; enfin, il intriguait dans la ville, n'épargnait


a Cet officier est nommé Rochas dans l'ouvrage de M. de Cogniaczo qui parut sous le voile de l'anonyme et sous le titre de Geständnisse eines Oestreichischen Veterans. Breslau, 1791, t. IV, p. 103—105.