<128>rien pour des corruptions, et il informait exactement M. Loudon de tout ce qu'il voyait, de tout ce qu'il apprenait, et de tout ce qu'il imaginait pour lui faire prendre cette ville. Ce fut sur les notions que donna ce major à M. Loudon, qu'il forma son projet pour surprendre la place, et, la nuit du dernier de septembre au 1er d'octobre, il l'exécuta comme nous l'allons dire. Il distribua vingt bataillons en quatre attaques, l'une sur la porte de Breslau, l'autre sur la porte de Striegau, la troisième sur le fort de Bögendorf, et la quatrième sur le fort de l'Eau. M. de Zastrowb avait été au bal; comme cependant il se doutait de quelque chose, il fit prendre sur le soir les armes à la garnison, et la distribua dans les ouvrages; mais il commit la faute de ne point donner aux officiers d'instruction sur la manière dont ils devaient se conduire, de ne point envoyer sa cavalerie à la découverte à une certaine distance, de ne point faire jeter des boules de feu pour éclairer la campagne, enfin d'être trop négligent dans tous ses devoirs. Les Autrichiens s'avançaient pendant ce temps-là, et parvinrent jusqu'aux palissades avant d'être découverts. Pour toute défense, il n'y eut que douze coups de canon de tirés, et si peu de feu des petites armes, que les ennemis purent faire ce qui leur plut. La garde de la porte de Striegau fut surprise; de là ils pénétrèrent dans les ouvrages. Dans cette confusion, les prisonniers autrichiens levèrent le masque; ils s'emparèrent de la porte intérieure de la ville, et l'ouvrirent aux premières troupes des ennemis qui s'en approchèrent; enfin, en moins d'une heure, les Autrichiens se rendirent maîtres de toute la ville. M. de Béville, qui commandait dans la redoute de l'Eau, fut le seul qui tînt ferme jusqu'à ce que toutes les ressources fussent perdues, et qu'il ne lui restât plus de moyens pour se défendre. Le hasard fit qu'un magasin à poudre sauta dans le fort de Bogendorf, qui fit perdre quelque monde aux Autrichiens; sans quoi la prise de cette ville ne leur aurait rien coûté.


b Charles-Antoine-Léopold de Zastrow, général-major et chef du régiment d'infanterie no 38 de la Stammliste de 1806, était frère cadet du général Bernard-Asinus de Zastrow, mentionné t. IV, p. 129. Après sa captivité, il rentra dans l'armée, et ne reçut sa démission que le 2 septembre 1766. 11 mourut à Cassel en 1779, âgé de soixante-neuf ans, avec le grade de lieutenant-général hessois.