<13>comte Dohna quitta le Mecklenbourg et la Poméranie, où il laissa M. de Manteuffel avec un petit corps, pour tenir tète aux Suédois. Le comte marcha avec ses troupes à Stargard, d'où il se rendit à Landsberg; il y fut joint par un renfort que S. A. R. le prince Henri lui envoyait de Saxe aux ordres de MM. d'Itzenplitz et de Hülsen. On avait observé que les Russes traversaient la Pologne par détachements; ce qui fit naître l'idée d'aller à leur rencontre pour les battre en détail, ce qui aurait été très-possible, si l'on était tombé, dans leur marche, sur une de leurs divisions, avant qu'elle pût être jointe par les autres. Pour exécuter ce dessein, il fallait agir avec activité et avec résolution; mais tout le contraire arriva. Les troupes furent mal menées, les généraux manquèrent de vigilance, tout se fit trop tard, on accumula fautes sur fautes, et cette malheureuse expédition devint comme la source des infortunes dont les Prussiens furent accablés cette campagne. Le comte Dohna partit le 23 de juin de Landsberg; il passa la Warthe le 5 de juillet à Obernick. Sa lenteur donna aux Russes le temps de s'assembler à Posen, et les deux armées s'amusèrent à faire des reconnaissances qui ne menèrent à rien. Les Russes firent un mouvement en avant le 14; ils défilèrent proche de l'armée prussienne, mais dans un tel désordre, qu'il n'aurait tenu qu'au comte Dohna d'en profiter, s'il en avait eu la résolution. Ses mesures étaient généralement si mal prises, qu'il perdit une partie de sa boulangerie et de son parc de vivres par sa négligence; ce qui l'obligea de se replier sur Züllichau. Le Roi, étant informé de la confusion qui régnait dans cette armée, et de la désunion qu'il y avait parmi les généraux, y envoya M. de Wedell, qui en prit le commandement comme dictateur, quoiqu'il ne fût pas le plus ancien par le grade.

Le même soir que M. de Wedell arriva à Züllichau, M. de Soltykoff campait à Babimost, d'où il avait si bien tourné la position des Prussiens durant la nuit, qu'une partie des Russes occupait déjà le défilé de Kay, derrière les Prussiens, précisément entre leur camp et le chemin de Crossen, sans que personne s'en aperçût, tant le service se faisait négligemment dans l'armée dont M. de Wedell venait de prendre le commandement. M. de Wedell apprit cette marche par ses propres yeux; il alla reconnaître