<136>d'où ce général infatigable tomba sur les Suédois retranchés à Friedland. Il n'attaqua point le retranchement, faute d'infanterie et de canon, et se contenta d'enlever une grand'garde de quarante dragons. Il semble qu'on écrit l'histoire des Amadis en parlant des prouesses de M. de Belling, qui se bat toujours, et qu'on ne trouve jamais à la même place. Il avait son infanterie à Pasewalk, et s'était posté en avant à Ferdinandshof. Les Suédois s'avancèrent sur lui. Le Prussien culbuta leur avant-garde sur leur infanterie, les força de se retirer, et engagea le lendemain un nouveau combat, où les ennemis perdirent cinq cents hommes.

Le prince de Bevern, obligé d'envoyer des convois à Colberg, retira alors les deux bataillons qu'il avait prêtés à M. de Belling. Ce général même reçut ordre de s'approcher de Berlin, qu'un corps d'Autrichiens répandu dans la Lusace paraissait menacer d'une irruption. Il partit, à la vérité; mais comme il se trouva dans la suite que ce bruit n'avait aucun fondement, il retourna contre les Suédois, où il s'attendait à cueillir de nouveaux lauriers. Cette campagne traîna jusqu'au 6 de décembre, où M. d'Ehrensward quitta Demmin et se rapprocha de Stralsund, et il ne se passa aux bords de la Peene que quelques affaires de parti peu importantes.

Aux approches du prince de Würtemberg du Mecklenbourg, M. de Belling prit les devants. Il trouva à Malchin une garnison qu'il enferma et tint bloquée jusqu'au moment où le prince de Würtemberg survint. On aurait pu prendre ce bourg l'épée à la main; mais les troupes étaient délabrées, les régiments, fondus et accablés de fatigues, et d'ailleurs, il fallait conserver son monde pour de meilleures occasions. Par ces raisons, on se contenta de canonner vivement la ville, et on l'aurait prise; mais M. d'Ehrensward, averti du danger des siens, y accourut avec toute son armée. Il retira la garnison de Malchin, et reprit la route de Stralsund. Les troupes de part et d'autre entrèrent dans leurs quartiers d'hiver, les Suédois près de Stralsund, et les Prussiens dans le duché de Mecklenbourg, aux environs de Schwerin et de Rostock.

Nous n'avons rapporté cette campagne des Suédois que pour donner une farce après une tragédie; car on ne peut s'empêcher de s'étonner comment seize mille Suédois ont été arrêtés et con-