<139>crut que M. de Belling avait besoin de secours pour s'opposer avec plus de succès aux entreprises que les Suédois pouvaient former encore. Il était le seul qui pût y faire passer des troupes, parce que jusqu'alors le maréchal Daun se tenait tranquille. Le prince fit donc partir M. de Stutterheim le cadet avec quatre bataillons pour joindre M. de Belling, et nous venons de voir l'usage qu'il fit de ces troupes. La raison principale qui détermina S. A. R. à faire ce détachement, était d'avoir des troupes à portée de défendre la capitale, si cela était nécessaire, contre les incursions de quelques petits corps, parce que la garnison de Berlin ne consistait alors qu'en deux faibles bataillons de milice.

La petite guerre continua en Saxe de la part des Prussiens. M. de Kleist battit une seconde fois un corps ennemi auprès de Freyberg, et M. de Seydlitz défit un gros corps de cavalerie près de Pretzschendorf. Dans ces entrefaites, les troupes des cercles se mirent en mouvement. M. de Serbelloni, qui les commandait, s'était avancé à Ron-nebourg, et comme de là il lui aurait été facile de tourner le flanc des Prussiens, S. A. R. envoya contre lui M. de Seydlitz avec cinq bataillons et quinze escadrons. Ce général manœuvra avec tant d'art et d'habileté, il donna tant d'appréhensions à M. de Serbelloni pour l'armée qu'il commandait, que celui-ci se crut obligé de se replier sur Hof dans l'Empire.

L'armée française faisait alors quelques progrès. Le corps du comte de Lusace avait pénétré par Eimbeck dans l'électorat de Hanovre, et menaçait la ville de Wolfenbüttel; et comme la faiblesse de la garnison faisait craindre que sa défense ne fût pas vigoureuse, S. A. R. y envoya le colonel Bohlen avec quinze cents hommes. Il voulut se jeter dans la place; mais M. de Stammer, qui y commandait pour le duc, ne voulut pas le recevoir. M. de Bohlen se retira, et deux jours après, le comte de Lusace s'en rendit maître. Dès que les Saxons eurent pris Wolfenbüttel, M. de Serbelloni détacha le général Luszinzky avec six mille hommes pour les joindre; il se porta vers la Saale, et s'empara de Halle. Le Prince lui opposa M. de Seydlitz, qui, passant par Dessau et Bernbourg, se mit en devoir de disputer aux ennemis l'entrée du duché de Magdebourg. Mais le comte de Lusace avait déjà évacué Wolfenbüttel; il s'était replié en Hesse, et M. Lus-