<147>le couvrait de gloire, et des deux parts, les armées entrèrent dans leurs quartiers d'hiver.
Nous avons vu, par les événements de cette campagne, que le prince Ferdinand de Brunswic fut le seul des alliés qui la termina sans faire de pertes. Les Prussiens furent généralement malheureux dans toutes les provinces où ils soutenaient la guerre. Le prince Henri avait perdu toutes les montagnes de la Saxe, et il était si resserré dans le terrain qui lui restait, qu'à peine en pouvait-il tirer la subsistance journalière des troupes. La supériorité des ennemis leur avait donné les moyens d'occuper les postes les plus avantageux, et on avait lieu de tout appréhender pour l'hiver et pour la campagne prochaine. Quelque mauvaise que fût la situation de S. A. R., elle n'approchait cependant pas de celle de l'armée du Roi. La perte de Schweidnitz entraînait pour elle celle des montagnes et de la moitié de la Silésie. Le Roi ne tenait plus qu'aux forteresses de Glogau, Breslau, Brieg, Neisse et Cosel; il était maître du cours de l'Oder et des principautés situées à l'autre rive, que les Russes avaient ravagées au commencement de la campagne, et d'où il n'y avait point de subsistances à tirer; il n'en pouvait point faire arriver de Pologne, à cause de quinze mille Russes, qui, ayant tiré un cordon le long des frontières, en interdisaient le passage. L'armée était obligée de défendre son front contre les Autrichiens, et ses derrières contre les Russes. La communication de Berlin avec Breslau n'était que précaire; mais ce qui achevait surtout de rendre cette situation désespérée, c'était la perte de Colberg. Rien n'empêchait plus les Russes de faire le siége de Stettin à l'ouverture du printemps, ou bien de s'emparer de Berlin et de tout l'électorat de Brandebourg. Il ne restait au Roi que trente mille hommes en Silésie. Le prince Henri n'en avait guère davantage, et les troupes qui avaient servi en Poméranie contre les Russes, étaient si ruinées, qu'à peine le pied en était-il resté. La plupart des provinces étaient envahies ou abîmées; on ne savait plus d'où tirer les recrues, d'où prendre les chevaux et les fournitures, où trouver les subsistances, ni comment faire arriver en sûreté les munitions de guerre à l'armée.